Pourquoi personne ne veut porter le numéro 24 sur son maillot de foot au Brésil ?

Pourquoi personne ne veut porter le numéro 24 sur son maillot de foot au Brésil ?

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Par Lucie Bacon

Publié le

Un seul joueur, remplaçant, a porté ce numéro cette saison.

C’est un article de NSS Mag qui a attiré notre attention, il y a quelques jours : “Why nobody in Brazil wears No.24 shirt ?” ou, si vous n’êtes pas bilingues, pourquoi personne ne porte de numéro 24 au Brésil ? 
On est donc allés checker du côté de quelques effectifs de première division brésilienne, et, effectivement, on n’a pas vu de numéro 24. En fait, Bleacher Report, dans un article sur lequel s’appuie d’ailleurs NSS Mag, nous apprend qu’un seul joueur a porté ce numéro cette saison, et il n’a même pas joué puisqu’il est resté sur le banc : il s’agit d’un des gardiens de Gremio, Brenno Costa. 
Alors, pour quelle raison aucun joueur du championnat brésilien ne veut de ce numéro sur son maillot ? Bleacher Report raconte que c’est seulement… homophobe. Oui oui, vous avez bien lu. Les joueurs qui porteraient ce maillot seraient associés aux homosexuels, et cela serait mal vu dans la société brésilienne. 


Cette association vient d’un jeu illégal mais toujours populaire au Brésil, “Jogo do Bicho”, le jeu de l’animal en français. Dans celui-ci, la carte numéro 24 est symbolisée par un cerf, “veado” en portugais. Mais “veado” a aussi un autre sens :  il est associé aux hommes homosexuels, et est donc devenu une insulte homophobe. Être associé au numéro 24, donc au veado, serait associé au fait d’être homosexuel.
Et serait donc très mal vu dans la société brésilienne, globalement très homophobe, à l’image de son nouveau président, Jair Bolsonaro, qui avait déclaré à Playboy : “Je serais incapable d’aimer un enfant homosexuel. Je préfère que mon fils meure dans un accident clairement”. Selon une ONG, en 2017,  il y a eu, au Brésil, 387 meurtres et 58 suicides liés à l’homophobie ou la transphobie. 
Cependant, les autorités brésiliennes, notamment dans le foot, prennent ce problème à bras-le-corps. En juin dernier, l’homophobie a été criminalisée au même titre que le racisme. Et en ce qui concerne le foot, en août, la Cour suprême brésilienne de la justice du sport a annoncé que les insultes homophobes seraient sévèrement punies dans les stades : les clubs des fans sanctionnés perdront désormais 3 points en cas de délit. En cas de récidive, la peine sera doublée. 

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