L’histoire du sport, ce sont des performances, des athlètes, des personnalités. Des moments gravés dans l’inconscient collectif. Mais ce sont aussi tous les sacrifices consentis pour y parvenir. Le sport, c’est aussi, parfois, la face sombre derrière l’exploit. Le travail invisible du quotidien. Autant d’aspects parfois occultés et qui en font une science tout sauf exacte. Au-delà de la perf du jour J, le sport se vit à travers ses biographies, ses grands récits ou ses enquêtes.
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Parce que les documentaires nous permettent de mieux comprendre ce qui se cache derrière les exploits ou les grandes désillusions, les documentaires de sport sont indispensables pour découvrir la vie et le parcours de ces personnalités hors du commun. En voici une sélection aussi immanquable que subjective, entre classiques et best-sellers.
Les Yeux dans les Bleus (Stéphane Meunier, 1998)
Impossible de ne pas démarrer cette sélection par ce classique parmi les classiques. Dans un format d’immersion assez rare pour l’époque, le réalisateur Stéphane Meunier nous plonge dans l’intimité du groupe champion du monde, à une époque où le football connaît un important essor médiatique en France suite à la victoire au Mondial. Les petits moments de vie capturés sur le vif font le sel de ce film, et certains deviendront cultes : Thuram et Desailly mimant Ronaldo la veille de la finale, Zidane fredonnant du Michel Polnareff ou encore le cultissime “muscle ton jeu, Robert” lors d’une causerie du sélectionneur Aimé Jacquet… Des souvenirs pour toujours.
Rendez-vous le 9 juillet (Antoine Le Roy, Stéphane Guy, Vincent Alix, 2007)
Dans un format quelque peu différent, avec un peu moins d’immersion mais plus de témoignages, Canal+ nous offre ce documentaire captivant, quelques mois après l’une des défaites les plus traumatisantes du sport français. Ou comment une équipe de France vieillissante et pas forcément attendue s’est hissée jusqu’en finale du Mondial 2006 avant de la perdre dans des circonstances dramatiques. Un film nécessaire pour tout ce qu’il a apporté comme éclaircissements, comme confidences et comme passages cultes (Makélélé qui parle des joueurs brésiliens avant le quart de finale).
The Last Dance (Netflix, 2020)
Cette mini-série de dix épisodes d’une cinquantaine de minutes chacun est un véritable chef-d’œuvre retraçant avec précision, et non sans révéler quelques détails inédits, la success-story de l’un des plus grands sportifs de tous les temps : Michael Jordan. On y voit le champion américain commenter sa carrière, de ses débuts dans les années 1980 à sa réussite planétaire au sein des Chicago Bulls dans les années 1990. On découvre le côté sombre, parfois tyrannique, d’un athlète obsédé par la victoire. Le récit et la réalisation soignés, les images d’époque ou encore le nombre d’intervenants (près de 100) rendent l’ensemble immersif, y compris pour les néophytes du basket.
Icare (Bryan Fogel, 2017)
Primé aux Oscars, ce film explore le fléau du dopage à travers l’expérience du réalisateur, lequel se met dans la peau d’un athlète dopé afin de montrer les failles de la lutte anti-dopage. Dans un format à mi-chemin entre la fiction et la réalité, Icare dénonce les formes institutionnalisées du dopage, notamment russe, et dans quelle mesure cela s’inscrit dans la propagande et la vision globale du Kremlin. Il n’y a pas de scoop à proprement parler, mais une mise en perspective très complète et conforme des faits rapportés depuis des années. Beaucoup plus un documentaire qu’un film documentaire par sa réalisation efficace, Icare résonne tout particulièrement au regard de l’actualité internationale et de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Armstrong, les secrets d’un parrain (France TV, 2013)
Toujours sur la thématique du dopage, ce Complément d’enquête diffusé en 2013 par France Télévisions explique la façon dont le coureur déchu de ses sept Tours de France a exercé son omerta sur le peloton et mis sous pression les plus grandes instances internationales anti-dopage. Les témoignages d’anciens coéquipiers ou adversaires permettent de cerner la personnalité d’Armstrong et de comprendre comment l’Américain a bâti un véritable empire avant de finir par tomber. À la fois passionnant et glaçant de cynisme.
When We Were Kings (Leon Gast, 1996)
Plus de vingt ans après l’un des plus grands moments du sport, ce documentaire relate le combat de 1974 à Kinshasa entre George Forman et Muhammad Ali, avec ses dessous et ses à-côtés. Par les aspects sportifs, politiques et sociaux qu’il a soulevés, le “combat du siècle” méritait bien un film à lui seul, et grâce à la qualité des interviews et la présence de nombreuses images d’archives, on s’y plonge volontiers. Il a logiquement été oscarisé en 1996.
Senna (Asif Kapadia, 2010)
Ayrton Senna et son destin tragique ont maintes fois fait l’objet de biographies. Mais celle réalisée par Asif Kapadia tire son épingle du jeu grâce à la présence d’archives inédites et à son approche très cinématographique, qui permet aux suiveurs plus ou moins aguerris du sport auto de se (re)plonger aisément dans la carrière du pilote brésilien. Ses années de F1, ses titres, sa concurrence avec Alain Prost, ses prises de position, son charisme et son destin brisé sur le circuit d’Imola en 1994 en ont fait un mythe admiré par des générations de pilotes. Ce film permet de comprendre pourquoi.
Maradona (Asif Kapadia, 2019)
Autre icône du sport, autre destin tumultueux, même réalisateur : neuf ans après Senna, Asif Kapadia signe un documentaire de plus de 2 heures autour de l’idylle entre Diego Maradona et la volcanique cité napolitaine. On y apprend (ou redécouvre) comment la ville et le champion ont noué une histoire d’amour-haine longue de sept ans, avec ses hauts et ses bas, ses succès, ses excès. Le documentaire puise sa richesse dans la qualité et le nombre d’images d’époque inédites, et la narration du joueur lui-même. Absolument passionnant, même pour ceux qui pensent tout connaître du Pibe de Oro.