Un immense morceau d’un glacier des Grandes Jorasses, dans la partie italienne du massif du mont Blanc, menace de s’effondrer du fait de la chaleur, nécessitant l’évacuation de plusieurs dizaines de résidents et touristes dans la zone.
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Un volume de glace estimé à 500 000 mètres cubes est sur le point de se détacher du glacier de Planpincieux, sur le territoire de la commune de Courmayeur, selon les responsables de cette municipalité de la région du Val d’Aoste, située près de la frontière avec la France.
“C’est à peu près l’équivalent de la taille de la cathédrale de Milan, ou d’un terrain de football recouvert de 80 mètres de glace”, a détaillé Valerio Segor, directeur de la gestion des risques naturels pour le Val d’Aoste. Une chute d’un tel amas de glace “pourrait provoquer des dégâts considérables, mais aussi s’étaler sur une large zone”, à la façon d’une avalanche, a prévenu ce responsable.
“Urgente et impérative”
Décidée mercredi soir, l’évacuation “était urgente et impérative”, a justifié jeudi au cours d’une conférence de presse Stefano Miserocchi, maire de Courmayeur, célèbre station de sports d’hiver proche de la frontière française et de la ville de Chamonix. “La situation justifie un état d’alerte élevé dans les prochaines 72 heures”, a estimé l’édile.
La zone menacée est localisée dans la vallée du val Ferret, sur un axe nord-est et à une poignée de kilomètres par rapport à la station de Courmayeur, qui est elle-même n’est pas directement menacée. La sortie italienne du tunnel du mont Blanc, axe de communication vitale entre la France et l’Italie, débouche à proximité, mais n’est pas située non plus dans la zone concernée.
Jeudi après-midi, badauds et journalistes étaient maintenus à distance de la zone rouge par un barrage des forces de l’ordre, à environ trois kilomètres des pentes glacées du Planpincieux et de la zone à risque en contrebas, a constaté un photographe de l’AFP sur place. Plusieurs routes sillonnant la vallée du Val Ferret ont en revanche été fermées.
Les autorités locales ont ordonné l’évacuation d’une trentaine de maisons dans la partie basse du val Ferret, concernant près de 70 personnes (15 résidents et plus de 50 touristes). “L’ordre a été donné à l’issue d’une réunion avec des techniciens régionaux, qui ont dressé le tableau de la situation à la lumière de l’augmentation prévue de la température” pour les jours prochains, a précisé l’agence de presse Ansa.
“Pour les habitants [évacués], nous allons évaluer les solutions à trouver”, en collaboration avec la Croix-Rouge locale, tandis que “les touristes devront trouver d’autres solutions”, selon le maire. Le nombre exact de personnes à évacuer ne sera déterminé que dans les prochaines heures, avec la fin des opérations, a précisé le maire, cité par l’agence de presse Ansa.
Les habitants du val Ferret vivant en dehors de la zone à risque peuvent choisir de rester sur place “s’ils se sentent autonomes pendant au moins trois jours”, avec les stocks de nourritures nécessaires. L’accès reste possible à cette même vallée du val Ferret via une “route alternative”, à sens unique alternant et réservée aux autorités.
Comme un toboggan
Les autorités locales s’inquiètent de la température pour les trois prochains jours en cette période de forte chaleur estivale. En septembre et octobre 2019, ce glacier de Planpincieux avait déjà menacé de s’effondrer partiellement, sur une portion de près de 250 000 mètres cubes. Des mesures de surveillance ont depuis lors été mises en place.
La situation cette année est cependant différente de 2019 : il a fait froid en début de semaine, et maintenant que la température va monter très vite, la glace pourrait s’effondrer dans les prochaines 70 heures, ont mis en garde les autorités locales.
La masse du gigantesque glacier est “affectée par les tendances anormales des températures à venir” à compter de ce jeudi, selon la municipalité. La partie du glacier qui menace de tomber est située entre 2 600 et 2 800 mètres d’altitude, au voisinage direct du refuge de Boccalatte, maison de bois accroché au flanc des Grandes Jorasses.
“Avec notre système de surveillance, nous avons identifié la partie du glacier qui commence à se séparer, à une vitesse limitée”, a expliqué M. Segor, soulignant que le phénomène était visible par hélicoptère.
Le choc thermique à venir, avec l’alternance de chaud et de froid, “fragilise cette partie du glacier, avec un risque immédiat d’effondrement”. “L’eau s’écoulant sous la glace peut, en fait, agir comme un toboggan. C’est une situation particulièrement dangereuse et la plus propice à un effondrement”, a mis en garde ce même responsable.