De nouvelles investigations vont être lancées dans l’enquête sur le décès d’Adama Traoré, mort en 2016 lors de son interpellation par des gendarmes, après les récentes auditions de deux témoins, a appris mercredi l’AFP de source proche du dossier.
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Celles-ci concernent notamment la recherche de nouveaux témoins qui auraient pu assister à la première arrestation du jeune homme noir de 24 ans, a précisé cette source.
Le 19 juillet 2016, ce dernier était décédé dans la caserne des gendarmes de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d’Oise, et au terme d’une course-poursuite après avoir échappé à une première interpellation.
Ces investigations complémentaires ont été décidées après l’audition de deux témoins la semaine passée par les juges d’instruction chargés de ce dossier, érigé en symbole des violences policières.
Il s’agit de l’homme chez qui Adama Traoré s’était réfugié juste avant son arrestation par trois gendarmes et d’une femme qui avait assisté à sa première interpellation.
Les avocats des gendarmes, qui n’ont pas été mis en examen, Me Sandra Chirac-Kollarik, Me Rodolphe Bosselut et Me Pascal Rouiller, avaient annoncé la semaine passée qu’ils allaient demander la clôture de l’instruction, estimant qu’il était “temps de mettre un terme à ce dossier” où figurent “plus de 2 400 procès-verbaux”.
Une bataille d’expertises médicales
Les deux auditions ont conduit “les magistrats instructeurs à ordonner spontanément des investigations. Ces nouveaux actes montrent que la demande de clôture de l’instruction des gendarmes est rejetée”, s’est félicité Me Yassine Bouzrou, l’avocat de la famille Traoré.
“Ces investigations ne me paraissent pas essentielles. Elles concernent la première interpellation dont les circonstances ont déjà été établies”, a souligné pour sa part Me Rodolphe Bosselut.
Près de quatre ans après les faits, l’enquête judiciaire est avant tout devenue une bataille d’expertises médicales. Closes en décembre 2018, les investigations avaient été rouvertes par les juges en mars 2019 après la remise d’un rapport médical réalisé à la demande de la famille qui contredisait les conclusions sur le décès.
Si sept experts missionnés par la justice ont jusqu’ici mis en avant des antécédents médicaux – notamment cardiaques et génétiques – pour expliquer ce décès, dédouanant ainsi les gendarmes, les rapports de quatre médecins choisis par la famille ont balayé leurs conclusions et pointé la technique d’interpellation des forces de l’ordre.
Après une ultime expertise judiciaire qui mettait hors de cause les militaires, la famille du jeune homme a réalisé depuis fin mai de nombreuses demandes d’actes, dont l’annulation de cette expertise.
Konbini news avec AFP