Les juges d’instruction parisiens en charge de l’enquête sur la mort d’Adama Traoré à l’été 2016, après son interpellation par des gendarmes, ont ordonné de nouvelles investigations centrées sur le passé de cet homme et des gendarmes, a appris l’AFP vendredi 17 juillet, de sources proches du dossier.
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Les juges d’instruction ont accepté dans une ordonnance, le 10 juillet, certaines demandes de Me Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traoré, notamment celles visant à joindre au dossier d’enquête l’ensemble des antécédents judiciaires ou des procédures dans lesquelles Adama Traoré a pu être impliqué.
Les magistrats instructeurs demandent notamment à ce que soient “mises en exergue” les procédures passées dans lesquelles Adama Traoré a été mis en cause et dans lesquelles les gendarmes qui l’ont interpellé étaient intervenus, ce qui pourrait permettre d’établir s’il existait un contentieux entre eux.
Les trois juges d’instruction demandent également que soient produits les dossiers administratifs des trois gendarmes, ainsi que leurs antécédents judiciaires.
Ils ont, en revanche, refusé pour l’instant la reconstitution des faits demandée de manière répétée par Me Bouzrou, expliquant qu’ils se prononceraient sur le sujet après le retour de la nouvelle expertise médicale confiée à quatre médecins belges et attendue pour janvier 2021.
“Une avancée positive”
Ils ont également refusé le dessaisissement de l’enquête de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) au profit de la Brigade criminelle, comme demandé par Me Bouzrou : l’IGGN se voit confier l’ensemble des nouvelles investigations, parmi lesquelles le travail d’identification de nouveaux témoins qui auraient pu assister à la première arrestation du jeune homme noir de 24 ans.
Le 19 juillet 2016, Adama Traoré est décédé dans la caserne des gendarmes de Persan, près de deux heures après son arrestation dans la ville de Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) et au terme d’une course-poursuite, après avoir échappé à une première interpellation.
“Nous constatons qu’après quatre années d’inertie et des manifestations dénonçant le déni de justice, les juges ont, depuis le rassemblement devant le Palais de justice du 2 juin 2020, ordonné 16 actes d’investigation et une expertise médicale confiée à des médecins étrangers”, a relevé Me Bouzrou dans un communiqué.
“Bien qu’il s’agisse d’une avancée positive pour le dossier, nous ne pouvons que déplorer le comportement des magistrats instructeurs et confirmer notre demande de récusation de ces derniers”, a affirmé le conseil.