Le cru 2015 a été une année charnière pour le rap français. Parmi la myriade d’artistes qui ont contribué à renouveler le game, on retrouve un certain Valentin Le Du, plus connu sous le nom de Vald. Après un premier opus de NQNT, paru un an plus tôt, et quelques succès comme “Par Toutatis” ou les controversés “Shoote un ministre” et “Autiste”, le rappeur originaire d’Aulnay-sous-Bois va littéralement exploser aux yeux du grand public avec le second EP, armé de son écriture absurde, son originalité et une bonne dose de je-m’en-foutisme. Ce NQNT 2, qui a définitivement lancé la carrière de Vald pour devenir l’artiste incontournable qu’il est aujourd’hui, fête en ce vendredi 25 septembre ses cinq ans.
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Ce projet a été promu à merveille par Vald, avec “Bonjour”. Un titre qui représente à lui tout seul l’univers de Vald, fait d’un humour bien plus subtil que ne le laissent croire les premiers abords et des bribes de réflexions plus profondes. Chaque auditeur y verra sa propre interprétation, et Vald excelle dès lors qu’il joue avec le sens de ses textes. Le single devient un tube viral sur les réseaux sociaux, objet parfait pour qu’une génération qui a poncé YouTube et les limbes du Net se le réapproprie.
“Selfie”, le second single de l’EP, devient aussi une chanson culte de la discographie de Vald. Le contraste voulu entre le thème de la chanson de love, généreusement autotunée, et les paroles incroyablement crues fonctionne à merveille. Celui qui n’est alors qu’un espoir de la scène française pousse le délire encore plus loin, avec un clip décliné en trois versions : une première tout public, une deuxième érotique disponible uniquement sur Vevo et enfin une troisième qui n’est autre… qu’un film pornographique avec Nikita Bellucci et Ian Scott. Chacun se fera son avis sur cette proposition, qui a le mérite d’être originale et dans la lignée du personnage que développe l’artiste. Bien entendu, étant des gens parfaitement convenables, on ne vous mettra en lien ci-dessous uniquement la première version.
Mais NQNT 2 ne se résume pas uniquement à ces deux tubes. Si l’ensemble apparaît comme un joyeux bordel à la première écoute – qui fait bien entendu écho à l’intitulé du projet Ni queue ni tête et son audacieuse couverture – Vald démontre l’étendue de son répertoire sur les dix autres pistes que compte le projet. Entre créativité débordante et désinvolture exacerbée, presque insolente.
Il jongle habilement avec les codes du genre et affiche une facilité déconcertante. Que ce soit avec sa voix, son discours absurde élevé au rang d’art, ses théories complotistes (Illuminati et reptilien en tête), il dénote complètement avec tout ce qui se fait musicalement à ce moment-là. Du pain béni par les internautes adeptes de ce genre d’histoires.
Inventif, Vald s’amuse déjà, autant avec les auditeurs que les médias, pour un résultat qui oscille toujours entre génial avec une technique remarquable et complètement WTF. La présence d’un extrait d’une interview de Michel Houellebecq en atteste. Seul son comparse de toujours, Suikon Blaz AD, est capable de le suivre aussi loin dans son délire.
Pourtant, NQNT 2, quasi-intégralement produit par BBP (depuis signé chez QLF Records) et Dolor, pousse le concept encore plus loin que le premier opus avec des productions plus denses, régulières et pertinentes. Vald entre véritablement dans une autre dimension avec ce projet.
Cinq ans après, l’inventif EP reste une œuvre importante de la carrière du rappeur aulnaysien. À sa sortie, NQNT 2 se classe premier des ventes numériques hebdomadaires et onzième tout support confondu. Une très belle réussite pour un artiste alors émergent. Mais surtout, NQNT 2, c’est le projet où Vald expose réellement l’étendue de son talent et de son potentiel, deux ans avant son premier album Agartha. Malgré sa dérision omniprésente, NQNT 2 est bien plus qu’une grosse blague.