Antiquaire afghan installé à Vienne, Mohammed Omar Rahimi a emporté ses objets les plus précieux à l’Exposition universelle de Dubaï, espérant montrer son pays sous un angle différent après vingt ans de guerre et la reprise du pouvoir par les talibans.
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Jouxtant une chaîne saoudienne de restauration rapide, le pavillon afghan ne revêt aucun panneau ou drapeau laissant présager le trésor qu’il contient : 300 pièces de la collection personnelle de M. Rahimi, comprenant poignards anciens, tapis, lapis-lazuli (pierre bleue) ou encore échantillons de safran.
“Lorsque le gouvernement afghan s’est effondré, les organisateurs de l’Expo ont décidé de transformer le site en pavillon du peuple afghan”, raconte à l’AFP M. Rahimi. Ce sexagénaire dit avoir lui-même effectué les démarches auprès des organisateur·rice·s pour éviter que le pavillon ne reste vide après la chute de Kaboul aux mains des talibans à la mi-août 2021.
Alors qu’aucun pays n’a pour l’heure reconnu les nouvelles autorités de facto, l’ouverture du pavillon a pris du retard. M. Rahimi raconte avoir “travaillé jour et nuit” avec son frère et deux de ses fils, afin de pouvoir ouvrir les portes du pavillon environ une semaine après le lancement officiel de l’Expo 2020, début octobre 2021.
Les autorités afghanes avaient confirmé la participation de leur pays dès 2018, bien avant les derniers événements, selon un porte-parole de l’Expo. Les organisateur·rice·s “se sont réjouis de l’initiative des Afghans du monde des affaires pour gérer le pavillon, afin de partager avec le monde l’histoire du peuple afghan”, a-t-il déclaré à l’AFP.
Loin des scènes de chaos à Kaboul vues à travers le monde entier en août dernier, le pavillon afghan exhibe habits traditionnels, tapis tissés à la main et instruments de musique. “Cette exposition est très importante pour l’Afghanistan. Beaucoup d’Afghans vivent ici”, explique l’antiquaire, qui a transporté son trésor à ses frais.
Près de 150 000 Afghan·e·s ont élu domicile aux Émirats arabes unis, selon le consulat afghan à Dubaï, et le président déchu, Ashraf Ghani, y a fui avec sa famille après la chute de Kaboul.
“Une culture riche”
Le 15 août 2021, les talibans ont pris le contrôle de leur pays en s’emparant de la capitale Kaboul, à la faveur du retrait des forces américaines et leurs alliés. Le mouvement islamiste radical s’active désormais sur le plan diplomatique pour obtenir une reconnaissance internationale.
Lors du premier règne des talibans entre 1996 et 2001, seuls les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Pakistan avaient reconnu leur gouvernement. Leur régime est tombé en 2001 avec l’intervention des États-Unis, qui viennent de se retirer après vingt ans de guerre.
Évitant de s’exprimer sur l’actualité politique de son pays, M. Rahimi a insisté sur le désir des Afghan·e·s d’une vie paisible : “Nous voulons la paix en Afghanistan et nous avons de l’espoir pour l’avenir.” Avec sa participation à l’Expo 2020, il espère que son pays “ne tombe pas dans l’oubli et que les gens puissent voir notre culture riche et notre terre fertile”.
Pour Fawaz al-Chamri, un Saoudien qui dit s’être retrouvé par hasard au pavillon afghan, celui-ci est une fenêtre ouverte sur un pays peu connu. “C’est une chance de voir ce qu’ils peuvent offrir. L’Afghanistan a traversé une longue guerre, et maintenant le pays s’ouvre au reste du monde”, dit-il à l’AFP.
Konbini arts avec AFP