Tandis qu’à travers le monde, le phénomène sériel Squid Game ne cesse de pulvériser les records en termes d’audience et de bénéfices pour Netflix, en Corée du Sud, le message anticapitaliste porté par la série n’est pas resté cantonné au petit écran.
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Mercredi dernier, lors d’une manifestation à Séoul, plus de 20 000 personnes sont sorties dans la rue pour revendiquer de meilleures conditions de travail et demander l’instauration d’un salaire minimum. Parmi elles, certains membres de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) arboraient les costumes cultes de la série, notamment ceux des gardiens qui veillent au bon déroulement des jeux.
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“Plusieurs travailleur·se·s syndiqué·e·s vêtu·e·s de tenues inspirées de ‘Squid Game’ ont pris part à un rassemblement à Séoul pour montrer que, comme dans la [série], eux aussi luttent au quotidien pour gagner leur vie. Ils ont appelé le gouvernement à améliorer les droits de travailleur·se·s”, rapporte une journaliste de Channel NewsAsia sur Twitter.
Une série qui touche les travailleur·se·s coréen·ne·s
Bon nombre des manifestant·e·s ont été incapables de regarder la série tant elle faisait écho à leurs propres expériences et à leur combat contre la pauvreté. Interviewé par un journaliste d’ABC News, un manifestant licencié par l’entreprise automobile SsangYong s’est confié sur les similitudes entre fiction et réalité :
“Dans ‘Squid Game’, on voit des personnages qui sont prêts à tout pour survivre après avoir été licenciés. Certains luttent pour faire fonctionner leur restaurant de poulet frit, d’autres travaillent en tant que chauffeurs et sont payés pour conduire des personnes ivres dans leur propre voiture. Ça m’a rappelé certains de mes collègues qui sont décédés.”
La série traite effectivement d’inégalités et met en lumière les difficultés économiques auxquelles les joueur·se·s doivent faire face. Ils et elles sont par ailleurs prêt·e·s à mourir pour s’en sortir. Une satire anticapitaliste qui comporte également des références directes aux luttes syndicales. Dans une scène, le protagoniste Gi-hun se remémore le décès d’un de ses collègues lors d’une grève organisée par le syndicat de son ancienne entreprise automobile. Les luttes syndicales sont donc clairement mentionnées dans la série.
Quand les séries deviennent des symboles de protestation
Il est difficile de ne pas faire de lien entre cette manifestation inspirée de Squid Game et d’autres séries qui sont également devenues des symboles de lutte. On pense bien sûr aux manifestations pour les droits des femmes aux États-Unis lors desquelles des militantes portaient la tenue rouge et blanche caractéristique des servantes dans The Handmaid’s Tale.
À Madrid, en 2020, des travailleur·se·s de l’usine automobile Nissan avait protesté devant le Parlement espagnol en portant les tenues et les masques de La Casa de papel. Bien qu’émanant du monde de la fiction, toutes ces séries ont un point en commun : elles portent un message puissant qui fait écho à la réalité pour bon nombre de spectateurs et spectatrices.