S’il y a une chose qui nous manque terriblement en ce moment, ce sont bien les clubs, et cette sensation de lâcher prise qui n’est permise que lorsque les corps et les esprits se chauffent au rythme effréné de la musique qui fait trembler les enceintes. Ce besoin de se laisser aller ne nous a jamais quittés, il reste enfoui dans nos entrailles en attendant le moment de pouvoir enfin éclater au grand jour.
C’est dans l’effervescence de ces passions que nous invitent Jazzy Bazz, Edge et Esso Luxeux, en nous plongeant dans les méandres du Private Club. Un album exutoire : il n’y a plus besoin d’excuse au plaisir, il s’agit seulement de se donner à la musique afin d’apprécier l’instant présent.
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Le lieu de tous les possibles
“On a passé des nuits en studio avec pour seules envies de kicker et kiffer”, témoigne Jazzy Bazz. Alors que les nuits de Paris semblent bien mornes en ce moment, Private Club se présente comme un îlot qui brille au milieu des rues noires et désertes. Les trois rappeurs parisiens en ont fait leur sanctuaire, une antichambre où fleurissent les envies et les ambitions, et où seuls les habitués peuvent pénétrer.
Les instrus produites par Johnny Ola, Marty Santi et Wavyvaye forment un véritable terrain de jeu pour les trois rappeurs, et ces derniers s’y promènent avec une aisance à toute épreuve. Car le projet entier est placé sous le signe de la liberté, le Private Club est un lieu qui ne connaît pas les interdits, et dans lequel les amis célèbrent leur loyauté. “Pour donner de la ce-for, je me fais pas prier, tout ce que je veux c’est voir mes amis briller”, scande Jazzy Bazz dans “Non-Stop”.
Comme à son habitude, ce dernier déchaîne un flow incisif, qui marque chaque temps avec une précision millimétrée. De son côté, Edge régale avec ses phases nonchalantes terriblement addictives, tandis qu’Esso Luxueux emmène l’auditeur dans le bouillonnement d’un spleen bleu sans concession.
En effet, le Private Club est également le lieu où s’expriment des réflexions à la fois profondes et détachées sur la vie menée dans un Paris impitoyable. “J’en veux à la vie d’être mal faite”, rappe Esso Luxueux dans “Hier encore”. C’est pourquoi ce projet se présente comme un vrai régal : alors que nous sommes assaillis par les problèmes du quotidien, il est réellement salvateur de juste se laisser aller.