Pourquoi Fear the Walking Dead est la meilleure série de zombies du moment

Pourquoi Fear the Walking Dead est la meilleure série de zombies du moment

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Ⓒ AMC

Après cinq saisons inégales, le spin-off zombiesque trouve enfin son rythme de croisière dans un sixième chapitre brillant.

Après dix années d’existence, l’univers de The Walking Dead arrive à un cycle de mort et de renouveau. Un cercle vertueux plutôt bancal que la série connaît bien, correspondant à son schéma narratif depuis ses débuts. Toutes les œuvres qui découlent de l’adaptation originale des comics de Robert Kirkman et Charlie Adlard évoluent malheureusement en dents-de-scie, sans jamais réellement égaler la première saison exemplaire de la série mère. Malgré la lassitude des fans et des audiences en berne, la franchise zombiesque est toujours capable du meilleur, et la saison 6 de Fear the Walking Dead est là pour le confirmer.

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Lancé en 2015, le premier spin-off de TWD était censé nous compter les premiers jours de l’apocalypse avec un récit complètement éloigné des histoires de Rick et consorts. En cinq ans, le show a bien changé et s’est embourbé dans ce fameux schéma narratif redondant : trouver un havre de paix, se battre pour le préserver, rebâtir, affronter une menace, fuir et rebelote. Un sentiment de tourner en rond qui s’est confirmé avec l’étrange remaniement à partir de la saison 4. Au programme : une sorte de mini-reboot inavoué de la part d’AMC, un changement de showrunner et surtout un recyclage des personnages secondaires de la série mère digne d’un mercato, avec le transfert de Morgan et Dwight.

Après cinq saisons de galères et de morts absurdes (RIP Nick), d’interprètes publiquement saoulés par le trajet de leur survivant et de charte visuelle indécise, que reste-t-il de Fear the Walking Dead ? Aussi surprenante que la réponse puisse être, il n’en demeure que du positif et même au-delà. En plus d’assurer avec une saison haletante, le spin-off est pour le moment la meilleure œuvre de la franchise zombiesque.

Morgan, le lone ranger

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Morgane incarne la figure du personnage girouette, condamné à un destin maudit, où sa psyché est constamment remise en question. Déjà dans The Walking Dead, la nature du survivant a été mise à rude épreuve. D’abord plein d’empathie, puis pris de démence avant de s’offrir une rédemption dans l’un des épisodes les plus poétiques de la série, “Here’s Not Here”, Morgan est retombé dans ses travers altruistes face à Virginia. Mais la saison 6 de Fear the Walking Dead l’a vu renaître de ses cendres, alors que tous les fans le pensaient six pieds sous terre.

Désormais, Morgan a troqué son de pacifiste pour une hache de guerrier sanguinaire. Il incarne une vision viscérale de la vengeance, dans une version plus sombre et, il faut bien l’avouer, badass du personnage. L’apprenti d’Eastman a croisé sa rage de vivre avec les préceptes de l’aïkido pour devenir une sorte de lone ranger, figure issue du western et décidée à appliquer sa propre justice. Morgan n’est pas un leader et le spin-off a toujours échoué à lui prêter des caractéristiques similaires. En revanche, il excelle dans l’art du vagabond, comme un rōnin errant au gré du vent et des rencontres.

En résumé, Morgan est enfin devenu un survivant attachant aux yeux des spectateurs. Ces errements introspectifs, qui ont plombé le personnage depuis plusieurs saisons, sont désormais au service de la vengeance et d’une volonté de protéger les siens à tout prix. Il est prêt à reprendre une arme pour tuer s’il le faut, complexifiant sa vision du monde entre clarté et obscurité. On le sait, cette stature n’est jamais éternelle avec Morgan, les scénaristes s’amusant à le dérégler à chaque nouvelle saison, mais il est bon d’en profiter et d’admirer la (re)naissance d’un antihéros comme seul The Walking Dead sait encore le faire.

La division fait la force

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Si Fear the Walking Dead a toujours géré ses personnages comme un groupe uni face à l’apocalypse, le thème de la famille étant présent depuis ses débuts, elle déroge à cette règle dans la saison 6. La série devient une véritable œuvre chorale avec un schéma narratif à la Game of Thrones, incluant des survivants divisés en petites bandes. Presque à la manière d’une anthologie, les épisodes sont donc chacun consacrés à un groupe de personnages pris dans des intrigues plus introspectives. Et en même temps, l’histoire principale avance avec Morgan comme centre névralgique.

Le récit et l’action de Fear the Walking Dead sont ainsi décuplés. On craint davantage pour les héros de la série, tandis que les showrunners Ian Goldberg et Andrew Chambliss font preuve d’une grande diversité dans les histoires racontées pour nous tenir en haleine. Pour le coup, le spin-off n’a jamais manqué de rebondissements un peu dingos et originaux, quitte à “sauter le requin” dans certaines saisons (l’explosion du barrage en saison 3, la centrale nucléaire façon Tchernobyl en saison 5). Avec déjà au compteur la traque d’un chasseur de primes, l’explosion d’un puits de pétrole ou encore l’arrivée d’un taxidermiste psychopathe, la saison 6 ne manque pas de panache et d’inspiration pour divertir ses spectateurs.

Enfin, les showrunners sont parvenus à proposer des méchants glaçants et intrigants. On pense en particulier à Virginia, antagoniste du moment, écrite à la manière du Gouverneur et Negan. Ils sont imprévisibles, violents mais aussi humains : malgré leurs méthodes radicales, ils partagent une volonté sincère de reconstruire une civilisation mais finissent consumés par leurs ambitions. À noter aussi que l’empire de Virginia est construit sur un système vidéoludique qui nous rappelle l’ordre des Anciens des jeux Assassin’s Creed : elle incarne le grand Maegester de sa communauté, protégé par de redoutables Zélotes (Emile) et de sournois Paladinus (Victor Strand). Pour tuer l’hydre Virginia, Morgan et ses amis devront donc couper chaque tête de l’hydre et mettre fin à sa tyrannie.

De l’émotion et des zombies

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À ses débuts, The Walking Dead cartonnait principalement grâce aux interactions entre les survivants. La série nous a offert de grands moments d’émotions en sachant manier une narration capitale comme dans tout drama qui se respecte : le soap. Instrument clé des rebondissements dans l’histoire et de l’affection provoquée chez le spectateur, le soap carburait dans la série mère. La confrontation entre Daryl et Shane, leur triangle amoureux avec Lori et l’épisode culte des fleurs avec Lizzie sont autant d’exemples réussis dans la gestion des émotions de nos héros.

Après plusieurs échecs successifs, dont la mise à mort au compte-gouttes de ses protagonistes dans des séquences cringe au possible (la disparition de Madison notamment), Fear the Walking Dead a trouvé son rythme de croisière. Elle utilise à bon escient le personnage de John Dorie, cow-boy honnête, juste et profondément bon auquel le spectateur peut rapidement s’identifier. Il incarne la boussole morale intangible de la série, comme une sorte de survivant exemplaire humanisé par sa générosité et sa relation poignante avec June.

Impossible de ne pas citer également Alicia, la star du show depuis ses débuts, pourtant largement sous-exploitée ces dernières saisons. En saison 6, elle retrouve un rôle à sa mesure, qui fait briller son interprète Alycia Debnam-Carey. Une actrice plébiscitée par les fans, remarquée depuis son apparition dans The 100, qui a toujours apporté un vent de fraîcheur et d’optimisme dans la série. La saison 6 lui donne enfin l’occasion d’occuper un rôle de leader et surtout un sentiment d’indépendance vis-à-vis de ses pairs, trop souvent maîtres de son destin.

La saison 6 de Fear the Walking Dead est tout simplement un must-see pour les fans du genre zombiesque. Avec des épisodes plus introspectifs et dramatiques, elle offre un large champ d’expression à ses protagonistes. La série a gagné en audace et en rythme. Et les scores donnés par les spectateur·ice·s parlent pour elle : 43 % de votes positifs au global sur Rotten Tomatoes contre 85 % pour la saison 6, la mieux notée de l’histoire du spin-off.

Le show propose en plus des vibes de western qui résultent en un mélange des genres haletant. Fear the Walking Dead a pris son temps, mais elle semble avoir enfin trouvé son ton qui la démarque complètement des autres productions du genre zombies. Reste maintenant à confirmer cette franche réussite dans la suite de la saison et les prochaines, qui nous rapprochent assurément de la fin d’une ère, voire du spin-off.

En France, la saison 6 de Fear The Walking Dead est diffusée en US+24 sur Canal+.