Mémoire, refoulement des traumatismes, entraînement mental pour mieux gérer les difficultés d’une situation à venir ou accomplissement d’un désir refoulé, le terrain de l’inconscient est l’un des rares où l’humain n’a pas totalement la main. Si les scientifiques peinent à se mettre d’accord quant à la fonction de nos rêves, une chose est certaine, ils ont un lien avec l’anxiété.
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Marguerite a donc décidé de donner du sens aux siens en les écrivant, puis en les dessinant dans des carnets. Cette activité lui a permis, par la suite et sans que ce but soit recherché, d’accepter et de mieux vivre avec son anxiété.
© @macopinemarguerite
À l’origine de ce projet, une simple discussion entre amies : “Elle était passionnée par l’univers des rêves et on aimait beaucoup en parler. Un jour, elle m’a dit : ‘Tu sais, moi, j’adore écrire mes rêves, plus je les écris, mieux je m’en rappelle. Ça me met dans une démarche où je rêve mieux, c’est plus concret et c’est vraiment vertueux’.“
En 2018, Marguerite a donc suivi les conseils de son amie et a commencé à écrire ses rêves dans des carnets, “environ un par an”, précise-t-elle. Les effets de la pratique lui ont rapidement plu. Elle raconte : “J’écrivais tous les rêves dont je me souvenais, le plus souvent possible même s’ils me semblaient insignifiants. Plus j’écrivais, plus mes rêves étaient clairs et détaillés.”
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Plus tard, l’un des professeur·e·s du BTS graphisme qu’elle a suivi a proposé à ses étudiant·e·s de dessiner leurs rêves, l’objectif étant d’améliorer leur technique en dessin. “Il a fallu se poser la question de comment on représente nos rêves. C’est parfois complètement décousu, voire surréaliste, on passe d’une scène à une autre de manière souvent improbable et c’est ce côté, par définition onirique et absurde, qui a été intéressant à travailler visuellement.”
Apprendre à mieux gérer son anxiété à travers l’art
C’est à travers ce travail de recherche artistique que Marguerite s’est aperçue que “dans l’écriture ou dans le roman graphique, le récit [lui] a permis de [se] rendre compte que certains sujets étaient récurrents, notamment la peur. La peur de rater une opportunité, d’échouer, d’oublier quelque chose”.
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“Dessiner mes rêves m’a avant tout permis de prendre du recul, de me dire que je suis quelqu’un d’anxieux. Il y a des sujets de l’ordre de la peur et du stress qui reviennent et qui sont majoritaires, maintenant, je dois accepter, faire la paix avec moi-même et ensuite travailler dessus pour apaiser tout ça”, nous explique-t-elle.
Marguerite a vu cet exercice comme “un bon point de départ”. Elle a donc décidé de ne plus uniquement mettre sur papier ce qu’elle ressent quand elle dort. “J’ai eu envie de dessiner mes journées, mon quotidien, de me demander comment je me sentais chaque jour.” Si elle a depuis arrêté, elle affirme qu’encore aujourd’hui, ses carnets l’aident à se dire “que tout est très passager”.
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Elle avoue avec beaucoup de détachement et pourtant une certaine fierté : “Les moments de grande anxiété finissent toujours par être balayés par des moments de sérénité. Cette idée que l’angoisse n’est pas une nécrose qui va m’envahir à long terme m’a aidée à faire la paix avec cette anxiété. Elle est là, elle fait partie de ma personnalité, mais ça reste passager.”
Tatoueuse sous le pseudo Macopinemarguerite à Angers, Marguerite a continué dans le dessin, mais ce sont désormais les histoires des autres qu’elle inscrit sur leurs corps.
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