On a classé (objectivement) TOUS les albums de Nas

On a classé (objectivement) TOUS les albums de Nas

Alors que vient de sortir le troisième volume de ses King’s Disease avec Hit-Boy, on a trié les 17 albums de Nasir Jones. Et ce n’était pas une mince affaire !

N’en déplaise à 21 Savage, Nas est sûrement l’un des rappeurs américains qui restent pertinents 30 ans après leur début de carrière. Depuis ses jeunes débuts, il est le prodige, celui dont tout le monde dit qu’il est un cran au dessus niveau écriture, narration et flow. Son influence sur le rap mondial reste une des plus importantes encore actuellement, vu la productivité accrue de ses dernières années. Nous revoici donc face à l’exercice du classement, objectif bien sûr. C’est parti !

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#17. Untitled (2008)

Clairement pas la meilleure période de Nasir, un peu perdu entre gardien du temple et très mauvais sélectionneur d’instrumentaux. Il essaie de se mettre à jour avec des prods de Cool & Dre, Dj Toomp, Stargate ou Polow Da Don, mais ça ne colle pas vraiment avec son débit, ses paroles. Pas vraiment de morceaux au-dessus du lot non plus. Et des fautes de goût. Un album vite oublié.

#16. Hip Hop Is Dead (2006)

Quand un album de Nas ressemble à un album de The Game. Alors que normalement, c’est l’inverse. Quelques morceaux à sauver comme le début avec L.E.S., “Where Are They Now”, “Still Dreaming” ou “Can’t Forget About You”, les collaborations avec Kanye et Chrisette Michele. Mais à côté de ça, la semi-déception de la réconciliation avec Jay-Z sur “Black Republican”, encore le même sample sur “Hip Hop Is Dead” (c’est bon, on a compris avec “Thief Theme”, déjà) et le catastrophique “Who Killed It” avec sa voix de troll bizarre. Ah, et aussi une production de Chris Webber. Oui, le basketteur du Fab 5. Et non, ce n’est pas bien. La fin d’une très belle période de Nas.

#15. Nasir (2018)

On avait envie d’aimer très fort cet EP avec Kanye sorti pendant les fameux EPs du Wyoming en 2018. Eh bien, on s’est forcés à l’aimer. Nas est en forme, les références sont prenantes entre Slick Rick et Richard Pryor, entre Le Parrain et Paid In Full. Mais le projet ne tient pas. Tout est fait à l’arrache, dans l’instant, sans respect pour Nas. Des prises de voix catastrophiques, pas de mix. Kanye est déjà en train de brûler tout par les deux bouts. Mais on sent que la suite de la carrière de Nas peut être superbe. Et elle le sera. Mais avec un autre producteur un peu plus dans l’esprit de Nasir Jones.

#14. Street’s Disciple (2004)

Le paroxysme de la collaboration Nas / Salaam Remi. Problème : c’est beaucouuup trop long. 25 titres sur un double album dont on aurait pu zapper la moitié. Et le côté gardien du temple s’installe un peu trop. Restent des gros titres comme “Just A Moment”, “Bridging The Gap”, “Remember the Times” ou “Virgo” (déjà hommage à Slick Rick), mais plein de moments où on s’emmerde aussi. Nas voulait accomplir sa destinée avec ce double album. Il s’est raté dans les grandes largeurs.

#13. The Lost Tapes 2 (2019)

Le retour du Nas qu’on aime en 2019. Mais avec un manque de cohérence, vu qu’il s’agit de chutes de studio sur des années prévues pour le fameux Nas Album Done. Pete Rock, Kanye, Alchemist, Swizz Beatz et même No I.D. à la production… C’est un casting cinq étoiles. La vraie inconnue, comme pour le premier volume, c’est pourquoi Nas a choisi de les mettre de côté alors que ces titres sont mieux que la moitié de sa discographie. Les mystères de Nas. C’est aussi pour ça qu’on l’aime. A priori, c’est en plus les moins bons morceaux de Nas Album Done, envoyés pour terminer le deal avec Def Jam. Cet album aurait donc pu être bien plus haut dans le classement. Mais c’était juste une introduction à la suite.

#12. Nastradamus (1999)

Ma théorie : Le Nas de 1997 à 1999 était intouchable, vraiment à son meilleur. Problème : avec les disparitions de 2Pac puis Biggie, il était devenu la seule mégastar du rap, avec Jay-Z soufflant sur sa nuque. Et l’album a leaké. Le double album que devait être I Am… a perdu toute de sa substance et on le retrouve un peu sur Lost Tapes, un peu sur Nastradamus. Nastradamus a récupéré tous les pires morceaux du lot. Ainsi que la perte de confiance de Nasir Jones à l’orée des années 2000. Premier raté de sa lignée des années 1990 complètement intouchable.

#11. King’s Disease (2020)

Le véritable retour du roi. Nas a trouvé sa rédemption totale avec un nouveau label et un nouveau producteur attitré. On pensait que ce serait avec Kanye. Finalement, ce fut avec le producteur californien Hit-Boy, proche de Dom Kennedy et d’Audio Two (ils ont disparu, je les aimais beaucoup.). Tout est aligné, Nas est apaisé, serein. Les productions lui vont parfaitement bien, il y a même la réunification du groupe The Firm originel. C’est à cette période qu’on l’a interviewé pour un master et il est toujours intéressant. La définition du mot renaissance.

#10. Magic (2021)

On ne l’arrête plus. Deux albums en moins d’un an. Une surproductivité face à son absence des années 2010. Un quasi sans faute sur ce neuf titres avec des productions de Hit-Boy encore une fois. Ils sont très durs à départager car tous produits au même moment par les mêmes personnes. Mais c’est vraiment le haut du panier de la discographie de Nas. Ce qui est fou parce que c’est maintenant. On vit une des meilleures périodes de Nas. Kiffons.

#9. King’s Disease II (2021)

Voilà, deux albums en un an. Celui-là est un poil meilleur parce qu’il faut bien choisir. Et “The Pressure”. Et “Nas is Good”. Nan vraiment, écoutez Nas maintenant. C’est incroyable ce qu’il se passe.

#8. Life Is Good (2012)

Un album de fins. La rupture avec sa femme Kelis, la rupture avec le rap, la compétition, la rupture avec la vie dissolue, la rupture avec Amy, la fin des guerres. Mais aussi un album de débuts. Début d’une autre épopée, d’une position dans le rap, du retour de Large Pro, du début de la paix. La paix intérieure. Et l’orchestration de Salaam Remi avec No I.D. qui avait déjà fait des petits miracles avec Common puis Jay-Z. Très peu de déchets. Un album au sommet dont il a été difficile de se défaire. Le prochain, Nasir, ne sortira qu’en 2018.

#7. King’s Disease III (2022)

Forcément un peu surcoté dans ce classement vu qu’il vient de sortir, mais c’est assez fou de voir que chaque projet avec Hit-Boy est meilleur que le précédent. Comme s’ils trouvaient encore des clés pour ouvrir de nouvelles portes ensemble. Nas n’a jamais été aussi en forme. Ça en devient même vexant. Le résultat semble encore plus soul, plus profond. Un grand, grand oui.

#6. Stillmatic (2001)

En pleine guerre contre Jay-Z et un peu tout le monde, Nas sort de son marasme de la fin des années 1990 avec une ogive très rassurante. Il manque quelques éclats pour en faire le classique annoncé, mais on y trouve certains de ses morceaux les plus emblématiques comme “One Mic”, “You’re Da Man” ou le très primo “2hd Childhood”. Il manque juste un petit truc pour atteindre le top 5. Et ce pigeon, quand même.

#5. I Am… (1999)

Vous connaissez ma théorie exposée plus haut. Entre 1997 et 1999, Nas est à son top. Mais ça a foiré. Ce I Am… dans sa version double album aurait pu être le vrai point culminant de la carrière du rappeur de Queensbridge. Il n’en fut rien à cause du leak et de la pression, mais cet album reste très consistant avec des classiques indémodables comme “Nas Is Like”, “Hate Me Now”, “NY State of Mind, Part II” ou encore “Small World”. Oui, beaucoup de DJ Premier. Mais ça aurait pu être encore mieux en duo avec…

#4. The Lost Tapes (2002)

… avec ses chutes qui n’avaient pu sortir sur les projets I Am…, Nastradamus, voire Stillmatic. Force est de constater que cette compilation surpasse ces albums censés être meilleurs. Un premier indice sur les choix un peu compliqués de Nas à travers le temps. The Lost Tapes reste un disque intemporel avec des moments très, très hauts comme “Doo Rags”, “No Idea’s Original”, “Purple”… La liste est longue. Je pense vraiment que le meilleur des albums I Am, Nastradamus et The Lost Tapes tel qu’il devait être prévu aurait pu être premier de ce classement. Voilà c’est dit.

#3. God’s Son (2002)

Album d’un beau renouvellement. Après avoir digéré la guerre, Nas devient le vrai héros de la rue new-yorkaise, moins clinquante, plus brute. Perso, c’est peut-être mon Nas préféré, celui qui peut faire “I Can” et “The Cross”, “Book of Rhymes” et “Mastermind”. Ça commence avec “Get Down”. Non, je vais dire que c’est celui-là, le premier, désolé. Blague à part, je pense que l’archétype d’un morceau de Nas, avec un instrumental planant et un texte profond et plein de réfs vient un peu de cet album. C’est le Nas que j’aime beaucoup. 

#2. Illmatic (1994)

Oui, c’est un scandale, Illmatic n’est pas premier de ce classement. Quand on y pense, mettre premier un album que l’artiste a fait avant ses 20 ans, dont le son était déjà daté à sa sortie car il contenait plusieurs morceaux produits deux voire trois ans avant, bon. OK, tous les morceaux sont des tubes, des ogives, des classiques (sauf un, je vous laisse trouver lequel). Mais en même temps, il n’y a au final que huit classiques. Je fais mon intéressant, il aurait bien sûr pu être premier. Mes morceaux préférés : “One Love”, “Life’s a Bitch”, “Memory Lane” et surtout “The World Is Yours”. Bien sûr, tout est là, mais…

#1. It Was Written (1996)

…mais sur It Was Written, Nasir Jones amène tout à un autre niveau : son flow, ses histoires, sa façon de les raconter. Les productions sont plus homogènes, plus près de Queensbridge époque Mobb Deep, Capone-N-Noreaga. C’est froid, c’est dur. Il y a Cormega. On ne le reverra pas avant longtemps. Un peu de Dr.Dre, ça ne fait pas de mal à l’époque où les deux côtes sont en guerre. Et vraiment, “I Gave You Power”, “Street Dreams”, “Shootouts”. Et “If I Ruled the World” avec Lauryn Hill, c’est sûrement son plus gros titre. Le mix est meilleur, Nas est plus versatile, poussé par ses featurings avec Raekwon, Mobb Deep, AZ, il commence sa période intouchable. Désolé, mais It Was Written a une petite longueur d’avance. C’est le boss de fin.