Dans son troisième album, Dems pose un regard maîtrisé sur les comportements humains et le monde dans lequel on vit.
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Damso sort son troisième album solo, Lithopédion, ce vendredi 15 juin. Et si le leak de son projet fait désormais partie du folklore, ce n’est pas pour lui déplaire tant il a été relayé. Mais aujourd’hui, c’est le jour J. Dems revient avec un album composé de 17 titres – dont quelques ovnis —, des paroles toujours aussi profondes, et un seul featuring avec l’envoûtante Angèle, grand espoir de la pop belge.
Dans l’intro de Lithopédion, Damso laisse transparaître une grande nervosité. Habitué aux paroles sombres, violentes et très imagées, il ajoute à cela un ton d’écorché vif, littéralement à cran. “C’est rien d’bien méchant, il m’a juste traité d’nègre des champs, c’est rien d’bien méchant”, sont les premières paroles de l’album.
Des mots qui ressemblent à un élan de violence jamais vu jusque-là. “J’avais jamais rappé comme ça, jamais été aussi violent dans mes sons que dans cette intro. Même ma voix est différente”, explique-t-il dans un entretien récent avec Libération. À l’instar de cette introduction violente, Damso livre avec Lithopédion une partition sombre.
“Je suis entré dans les tréfonds de la nature humaine”
Il continue à explorer la complexité des rapports hommes/femmes, mais pas seulement. Avec le morceau “Julien”, il ouvre la porte à un sujet très sensible : la pédophilie. Écrit, construit, et chanté différemment des autres morceaux de l’album, “Julien” est le résultat de 8 heures d’écoute non-stop de l’instrumentale par le rappeur.
La conception de “Julien”, Damso l’a expliquée en détail dans une interview qu’il nous a accordée : “Je suis rentré dans les tréfonds de la nature humaine et suis tombé sur la pédophilie. C’est pour moi l’un des aspects les plus noirs de l’humanité. C’est un problème qui existe depuis la nuit des temps mais qui n’est pas réglé.”
Père depuis peu, il a jugé bon d’aborder ce sujet tabou qui, tant qu’il le reste, empêche de trouver une solution. Il chante donc l’histoire de Julien, ce mec a priori banal qui se conforte dans un amour malsain pour les enfants. Avec ce titre, Damso s’inscrit dans la lignée des artistes qui cassent littéralement les codes, comme Gainsbourg a pu le faire avec sa version reggae de “La Marseillaise”.
Dans “William” (son prénom), il répond à une question qu’il posait dans “Kietu”, sur son précédent album, Ipséité : “Damso, qui es-tu ?” Le Belge se dévoile, évoquant son évolution personnelle, son nouveau statut de père de famille ou encore son rapport à l’alcoolisme : “De peur d’être sobre à peur d’être papa, du chemin j’en ai fait. De rien en poche à Porsche Carrera, du chemin j’en ai fait.”
Celui qui voit la vie comme “une condamnation” et l’amour comme “sa caution” offre un véritable livre ouvert le temps d’un album. Une vision de la vie sincère, sombre et crue. Du Damso tout craché.