Alliance, un des principaux syndicats de policiers, a invité mercredi les candidats à l’élection présidentielle à un “grand oral” sur les questions de sécurité que seuls la droite et l’extrême droite ont accepté, ainsi que le ministre de l’Intérieur.
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Valérie Pécresse (LR), Gérald Darmanin au nom du candidat putatif LREM Emmanuel Macron, Éric Zemmour (Reconquête !) et Marine Le Pen (RN) ont participé à un débat qui s’est tenu au cinéma Club de l’étoile. La candidate PS Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel ont décliné l’invitation, tout comme Yannick Jadot (EELV).
Quant à Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), Alliance ne l’a pas invité. “Quel intérêt de discuter avec un candidat qui ne fait que prôner la haine anti-flic, le police bashing ?”, a justifié à l’AFP le secrétaire général d’Alliance, Fabien Vanhemelryck. “Ça n’aurait pas fait avancer le débat.”
Ces quelques prétendants à l’Élysée ont disposé de quinze minutes pour exposer leur “vision de la sécurité de demain” avant de répondre aux questions de la salle. Pour lancer le débat, premier du genre pour un syndicat policier, Alliance a choisi de projet le film Bac Nord, qui s’est inspiré de l’histoire vraie de trois policiers mis en cause pour leurs dérives dans les quartiers Nord de Marseille.
Plusieurs candidats de droite et d’extrême droite s’y sont référés pour appuyer leurs propositions sécuritaires, au grand dam de son réalisateur Cédric Jimenez, qui assure ne pas avoir été informé de cette “malheureuse récupération politique”. Au micro de France Inter, le réalisateur a aussi précisé :
“C’est dérangeant, cela m’ennuie beaucoup, parce qu’un film reste une œuvre cinématographique et il ne peut pas devenir un objet politique. Moi, je suis très gêné par ça […]. Je le répète, c’est un film, pas un documentaire ni une caméra cachée. J’ai fait un film avec un point de vue. C’est une affaire très particulière, exceptionnelle, où des flics se sont retrouvés en prison. Cela n’arrive pas tous les jours.
Ça ne représente ni le quotidien des quartiers, ni celui de la police. Ils ne font pas des opérations comme ça tous les jours, toutes les semaines, c’est faux, donc c’est un film, une fiction, qui se concentre sur une affaire judiciaire. C’est comme si on disait qu’après avoir vu ‘Scarface’, on considérait que tous les exilés du régime de Castro étaient des gangsters.”
Le film avait été accusé, en juillet 2021, au lendemain de sa projection au Festival de Cannes, de participer à la montée de l’extrême droite, selon un journaliste irlandais : “En sortant de votre film, je me dis, peut-être que je vais voter Le Pen.” On reprochait aussi au film d’avoir eu un traitement partial de l’affaire de ces policiers corrompus.
À sa sortie, le long-métrage a été un succès, avec 2,3 millions d’entrées sur le territoire français. Il a par la suite été nommé aux Césars 2022 à sept reprises, notamment dans les catégories Meilleure réalisation et Meilleur montage.
Konbini avec AFP