En ce mois de février s’ouvre à Londres une exposition dédiée au travail du sculpteur de la Renaissance italienne Donatello, “sans doute un des plus grands sculpteurs de tous les temps”, décrit le V&A Museum. L’évènement vise à rendre hommage à la “vision rafraîchissante de l’artiste et [à] son influence sur les générations ultérieures”. Cette exposition d’envergure permet d’éclairer d’une nouvelle lumière l’œuvre de Donatello – voire celle de ses contemporain·e·s.
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Du sculpteur, on connaît notamment le David en bronze, nu et “sexualisé” selon les termes du journaliste du Guardian Jonathan Jones. Commissionnée par Cosme de Médicis, l’œuvre était la “première sculpture en taille réelle d’un homme nu érigée en Europe depuis l’Antiquité païenne”. Sachant que l’homosexualité de Donatello aurait été connue de Cosme de Médicis et de ses contemporain·e·s, la commande et l’érection de la statue se parent d’une dimension qui dépasse la mythologie. Plus que David contre Goliath, c’est peut-être toute relation entre deux hommes que racontait alors Donatello.
Donatello, détail du David, 1440. (© Leemage/Corbis via Getty Images)
Pour le palais des Médicis, l’artiste a également créé une statue de Judith et Holopherne. Jonathan Jones note que la “forme masculine” prime délicieusement sur la féminine : Judith est particulièrement couverte tandis que Donatello “prodigue toute sa sensualité sur le torse nu et musclé” de celui dont elle s’apprête à trancher la tête, Holopherne.
Difficile de parler du David de Donatello sans mentionner celui de Michel-Ange, dont la postérité a fini par dépasser la version de son prédécesseur. Si Michel-Ange a toujours réfuté de potentielles relations gay, il avouait cependant facilement que sa “passion pour les nus masculins était chargée de désir”, rappelle le Guardian.
Réévaluer des œuvres de la Renaissance à la lumière de passions ouvertes et libérées permet ainsi une relecture nécessaire et salvatrice de l’histoire de l’art. De nombreuses œuvres attendent ainsi sûrement patiemment de raconter toutes leurs histoires, reste alors à chacun·e de se les approprier.