D’après ces infographies, 38 % des films hollywoodiens de ces vingt dernières années échouent au test de Bechdel. Une preuve flagrante du manque de parité qui règne dans l’industrie cinématographique et des stéréotypes sexistes qu’elle véhicule.
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Le test de Bechdel, est un test qui vise à démontrer à quel point certains films, livres et autres œuvres scénarisées sont centrés ou non sur le genre masculin des personnages. Une œuvre réussit le test si les trois affirmations suivantes sont vraies : l’œuvre a deux femmes identifiables (elles portent un nom), elles dialoguent ensemble, leurs conversations portent sur autre chose qu’un des personnages masculins.
D’après Bechdeltest.com, un site de crowdsourcing des résultats dudit test, près de 40 % des 4 000 films recensés semblent échouer. Des succès comme Very Bad Trip, des classiques comme Ocean’s Eleven ou encore d’innocents films d’animation tels que Shrek échouent piètrement.
Une vision masculine et biaisée
Majoritairement dominée par des hommes, l’industrie du cinéma hollywoodien peine à s’extirper de ses clichés sexistes. Ces scénaristes, réalisateurs et producteurs véhiculent à travers leurs films une vision purement masculine et, de ce fait, complètement biaisée, laissant très peu, voire pas du tout, de place pour la pensée féminine et sa réalité.
Polygraph s’est attelé à la tâche de décortiquer les résultats de ce test, en fonction de la présence de femmes durant le processus d’écriture, de réalisation ou de production d’un de ces films.
Ainsi, sur 200 films sortis entre 1995 et 2015, l’infographie dressée est peu reluisante :
- Quand une équipe de scénaristes est composée uniquement d’hommes, 53 % des films échouent au test de Bechdel.
- Quand une équipe de scénaristes est mixte, 38 % des films échouent.
- Quand une équipe de scénaristes est composée uniquement de femmes, 100 % des films passent le test haut la main, soit uniquement 8 films (dont la saga Twilight constitue la moitié).
Les grands cinéaste ne relèvent pas le niveau
À Hollywood, 85 % des réalisateurs sont des hommes. Et dans la liste des réalisateurs les plus prolifiques du Walk of Fame, certains cinéastes ne font pas vraiment bonne figure lorsqu’on passe leur œuvre à la moulinette du test de Bechdel. Steven Spielberg, la légende hollywoodienne, ne fait pas honneur à son titre avec 77 % de ses films qui échouent au test. Un autre Steven, Soderbergh, affiche lui aussi de piètres résultats avec un taux d’échec de 67 %. Martin Scorsese, très certainement le réalisateur le plus encensé de l’année passée, ne nous ravit pas avec son score de 71 % de fails. Le seul, parmi les réalisateurs les plus influents de notre époque, à se détacher du lot, c’est Tarantino, avec seulement 13 % d’échec au test !
L’Europe et surtout la France bien en avance
Alors que 45 % des studios américains échouent au test, les productions européennes sont plutôt bonnes élèves avec 11 points d’échec en moins, soit un “petit” 34 %. Et la France est incontestablement la meilleure élève, avec “seulement” 32 % d’échec au test de Bechdel.
En vingt ans, rien n’a changé
En 1995, 37 % des films échouaient à ce test. Aujourd’hui, le chiffre est de 38 %. Il y a vingt ans toujours, 18 % des films étaient réalisés par des femmes contre 17 % aujourd’hui. Sur les 4 000 films référencés, il y a environ une femme pour 5 hommes dans l’équipe de scénarisation, réalisation ou production.
Après que de nombreuses personnalités du cinéma ont mis en exergue le manque de diversité à Hollywood, le manque de parité, lui, règne sans grand changement, dans cette industrie qui, très clairement, peine à se moderniser et véhicule une conception faussée et archaïques des mœurs contemporaines, et qui ne représente absolument pas la féminité de notre époque.