#1. Ses références culturelles
En douze ans, RuPaul’s Drag Race est passée du statut d’émission de niche au budget modeste à celui de phénomène culturel international. Diffusée sur Netflix en France, la téléréalité est présentée par RuPaul, une des drag queens les plus célèbres au monde. Elle met en compétition des drag queens à travers des épreuves diverses et variées et récompense chaque année la prochaine “superstar du drag”.
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Diffusée au départ sur la chaîne américaine Logo, spécialisée dans les programmes LGBT, l’émission a connu un démarrage plutôt discret en 2009, auprès d’un public essentiellement gay. Mais comme de nombreuses séries, Drag Race a bénéficié il y a quelques années de sa rediffusion sur Netflix, pour rapidement conquérir le monde. Aujourd’hui, son univers est en pleine expansion : plusieurs spin-off internationaux ont été lancés, comme Canada’s Drag Race ou Drag Race UK. Les meilleures drag queens de l’émission ont leurs propres séries et font des tournées à guichets fermés à travers le monde. Depuis 2020, Drag Race a même son propre spectacle à Vegas.
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Et puis, vous ne le savez peut-être pas, mais vous croisez des références à Drag Race en permanence : des nombreux GIFs aux répliques cultes comme “Not today, Satan”, en passant par la présence accrue d’anciennes candidates dans de nombreuses séries voire films à Oscars, comme Shangela dans A Star is Born. Bref, Drag Race est partout.
#2. Son concept ultra-divertissant
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Si la série est parvenue à atteindre un tel succès, c’est parce qu’elle offre une sorte de condensé de tout ce qui fait une bonne télé-réalité : des candidat·e·s haut·e·s en couleur, du grand spectacle, des rebondissements, du drame et de l’émotion. Au départ, l’émission a même été pensée comme une sorte de parodie de Project Runway et America’s Next Top Model, et fait régulièrement des pieds de nez aux conventions du genre.
Au fil des années, Drag Race a accueilli des queens aux univers de plus en plus variés, et les différents challenges de l’émission reflètent cette évolution. De semaine en semaine, on attend ainsi des queens qu’elles arrivent à coudre, danser, chanter, enregistrer des chansons, jouer la comédie, se marketer, et par-dessus tout, être drôles et réactif-ves. Aujourd’hui, Drag Race a donc des airs d’immense émission de variété, mélange entre The Voice, Incroyable Talent, Star Academy et Project Runway… mais avec beaucoup plus d’humour et d’autodérision.
#3. Sa célébration de la culture queer
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Malgré son nouvel attrait mainstream, Drag Race n’oublie pas ses racines. Vous aurez beau chercher, vous ne trouverez sans doute pas une émission plus queer à la télé – à part peut-être la récente Legendary, compétition de voguing pas encore disponible en France. Drag Race respire la culture queer. L’une de ses plus grandes inspirations n’est autre que le documentaire culte Paris is Burning, portrait saisissant de la scène ballroom à New York dans les années 1980. Certains challenges sont directement inspirés par le film, demandant aux queens de voguer, de se moquer amicalement les unes des autres (le reading, en anglais), ou de créer de nombreux costumes pour un ball. Chaque deuxième partie d’épisode donne lieu à un défilé, où les candidat.es exposent leurs tenues, créées selon une “catégorie” décidée par RuPaul (quelques exemples de catégories aperçues au fil des années : “Grosses perruques”, “Club kid”, “Années 1960” ou encore “Couture apocalyptique”).
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Avec son entrée dans le mainstream, la série a aussi contribué à populariser des termes propres à la communauté LGBT, de “yas” à “gag” en passant par “work” ou “shade”. Surtout, avec une vingtaine de saisons à son actif (si l’on compte les éditions All Stars, qui rassemblent les meilleures candidates des saisons passées), l’émission a célébré des queens aux identités très différentes : beaucoup d’hommes gays mais aussi des hommes et femmes trans aux styles de drag variés. Certaines se revendiquent des concours de beauté drag, avec un style très féminin et élégant, tandis que d’autres remettent en cause les normes de genre et de beauté traditionnelle.
#4. Ses grands moments de télévision
Grâce à son immense succès, l’émission ne se refuse aucune extravagance. À chaque épisode, des guest-stars viennent juger les candidates aux côtés de RuPaul et des membres permanents du jury. Ces dernières années, on a ainsi pu voir défiler Lady Gaga, Christina Aguilera, Jeff Goldblum, Lizzo, Daisy Ridley, Whoopi Goldberg, Nicki Minaj, Cara Delevingne, ou même des personnalités politiques comme la représentante Alexandria Ocasio-Cortez.
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L’émission sait créer de très grands moments de divertissement, mais elle montre aussi qu’elle sait être en phase avec son temps, abordant plein de sujets de société à travers le vécu de ses candidates : le traumatisme de la fusillade du Pulse à Orlando en 2016, comme de nombreux actes de discrimination, d’agressions sexuelles, de racisme ou d’islamophobie sont tour à tour évoqués. Quant à RuPaul, elle remplit à merveille le rôle de mère de substitution des candidates, leur rappelant à chaque émission l’importance de l’amour de soi (“if you don’t love yourself, how in the hell are you gonna love somebody else?” –“si tu ne t’aimes pas, comment diable vas-tu aimer quelqu’un d’autre”). Cette production impeccable, entre divertissement et émotion, a valu à Drag Race de nombreux Emmy Awards, notamment celui de la Meilleure émission de téléréalité de compétition, remporté trois années de suite.
#5. Son aspect réconfortant
Cette célébration de la culture queer confère surtout à Drag Race une certaine vulnérabilité que l’on trouve rarement dans d’autres émissions de téléréalité. Les drag queens de l’émission ont toutes des parcours et des origines différentes, mais l’immense majorité a vécu de près l’homophobie. Certains candidats sont en surpoids, viennent d’un milieu très pauvre, ont été élevés par une famille violente ou négligente, ou cachent leur profession ou leur orientation sexuelle à leurs proches par peur de l’exclusion.
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On l’entend à longueur d’émission : pour toutes ces queens, le drag n’est pas qu’un moyen de se transformer en femme pour divertir, c’est aussi un art, et surtout une façon de se sentir belles et invincibles, dans un corps de leur création. À chaque épisode – ou presque –, Drag Race célèbre l’acceptation de soi et montre que la beauté n’a rien à voir avec la couleur de peau, les origines sociales ou le tour de taille. C’est l’émission dont on a besoin en ce moment pour se sentir mieux, pour compenser l’absence de spectacles vivants et voir un peu la vie en rose. Et la bonne nouvelle, c’est qu’avec ses nombreuses saisons et spin-off, il y a de quoi tenir encore plusieurs confinements.
Douze saisons de RuPaul’s Drag Race ainsi que deux saisons All Stars sont disponibles sur Netflix en France.