Leurs tribulations fantaisistes nous avaient manqué. Après une saison 1 qui a surpris par ses choix artistiques et son ton rêveur, on avait hâte de voir si la suite d’Ovni(s) nous embarquerait aussi loin. Elle est allée au-delà. Canal+ confirme qu’elle tient là une série hors du commun, dont l’écriture, la performance des acteurs et la réalisation inspirée tranchent radicalement avec le reste de la production française.
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La fine équipe du GEPAN, tombée en disgrâce en fin de saison 1, a été dissoute. Le service a depuis été confié à André (Jonathan Lambert), l’amant de Marcel (Michel Vuillermoz), que l’on a longtemps cru disparu. Didier Mathure (Melvil Poupaud), lui, est parti sur les routes de France avec Véra (Daphné Patakia) pour recueillir des témoignages de phénomènes inexpliqués, tandis que son ex-épouse, Élise (Géraldine Pailhas), a pris du galon et dirige désormais le CNES. Quant à Rémy (Quentin Dolmaire), il tente de retrouver une vie normale auprès de Véro, sa fiancée, et bosse dans une entreprise d’innovation informatique.
Tous et toutes ont donc emprunté des chemins différents, mais personne n’est véritablement heureux dans sa nouvelle vie. Il faudra l’intervention divine, ou plutôt extraterrestre, d’une gigantesque barbe à papa en plein cœur d’une centrale nucléaire pour, petit à petit, retisser les liens entre nos protagonistes. Leur mission devient alors autant une recherche de vérité sur cet étrange phénomène qu’une quête intime. Si la question “sommes-nous seuls dans l’univers ?” est autant un dilemme scientifique qu’une introspection métaphysique, elle engage aussi tout être humain dans son rapport à l’autre et à l’inconnu.
On réalise alors – et c’est l’un des thèmes forts de cette saison 2 – que le lien qui rapproche les peuples, sur Terre comme au-delà du cosmos, ne tient qu’à un fil (ou un peigne). La douce et poétique Ovni(s) évoque le déracinement, la puissance de l’imaginaire et l’importance de garder le contact avec son enfant intérieur. En 2021, elle a reçu deux prix de. l’Association des critiques de séries (ACS) : celui du Meilleur acteur pour Melvil Poupaud, et celui de la Meilleure série de 26 minutes.
La vie en rose
Il y a beaucoup de tendresse dans Ovni(s). Pour ses personnages d’abord, dont les excentricités sont célébrées plutôt que moquées. Et pour les films et les séries de genre, surtout, alors qu’ils sont encore trop souvent snobés par une élite critique et cinéphile. L’amour, c’est le carburant de cette série, et plus encore de cette saison qui trouve toujours plus de beauté dans la bizarrerie, et inversement.
Créée par Clémence Dargent et Martin Douaire, avec le renfort de Maxime Berthemy, Ovni(s) a cet aspect désuet et rassurant qui en fait une fantaisie unique dans le paysage sériel français. La réalisation d’Antony Cordier, baignée de couleurs et de lumière, vient parfaitement complimenter l’écriture de cette série d’où la violence est absente. Le visionnage de ces douze épisodes de la saison 2 devient du self-care.
Du flamant au petit cochon en passant par la barbe à papa, le rose, symbole d’amour et de douceur, vient ajouter à la féerie de cette charmante comédie où les belles émotions sont reines. Et, sous ses airs rétrofuturistes, elle joue de sa tapisserie nostalgique pour mieux interroger le présent et ses paradoxes. Elle enjoint notre époque à ne pas capituler face à l’idée selon laquelle les technologies éloignent plus qu’elles ne rapprochent.
Sa sensibilité revendiquée est merveilleusement mise en avant par un cast toujours aussi bon. Melvil Poupaud, dans le rôle du sceptique reconverti en chasseur de rêves, est parfait de drôlerie. Le reste de cette belle galerie d’acteurs et actrices ajoute un surplus d’humanité à une troupe qui fonctionne si bien en synergie. Plus qu’une série de science-fiction, dont elle emprunte les codes et les références avec malice, Ovni(s) est une fable onirique dans laquelle il fait décidément bon se lover.
La saison 2 d’Ovni(s) est diffusée sur Canal+ et disponible en intégralité sur MyCanal.