À la télévision classique comme sur les plateformes de streaming, les séries ado sont légion. Jamais on n’aura vu, en un si court laps de temps, autant de teen dramas submerger la petite lucarne. Avec une offre aussi pléthorique, il y a forcément des succès – on pense à la très éclairée Sex Education ou à la terriblement stylisée Euphoria – mais aussi pas mal de ratés. Et puis il y a les productions qui se situent à mi-chemin entre ces deux extrêmes, comme Dare Me, tout juste lancée outre-Atlantique.
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Adaptation du roman éponyme de l’autrice Megan Abbott, Dare Me s’intéresse aux pom-pom girls de la ville fictive de Sutton Grove, aux États-Unis. En plus d’être lycéennes, ces athlètes en jupon s’acharnent pour mettre au point des chorégraphies élaborées dans l’espoir de, peut-être, passer à un niveau plus compétitif. Mais l’arrivée de Colette French, une jeune coach énigmatique, vient chambouler l’équilibre au sein de l’équipe. Une arrivée qui divise tout de go les amies d’enfance Beth, la meneuse des cheerleaders au tempérament de feu, et Addy, sa fidèle acolyte qui se montre tout de suite fascinée par Colette.
© USA Network
Au vu de ce pitch, et après une première bande-annonce léchée, cette série débarquée en loucedé avait le potentiel nécessaire pour devenir un Friday Night Lights au féminin, pour peu qu’on troque le ballon ovale pour un uniforme de pom-pom girl. Malheureusement, on déchante vite. Bien qu’elle tente de se donner un certain relief (notamment grâce à une voix off qui nous assène des banalités navrantes vendues comme des punchlines philosophiques), Dare Me est loin d’avoir la profondeur et l’humanité de son aînée. Vraiment, loin de là.
Dans un premier temps, la série propose un pilote sympathique, tiré vers le haut grâce à une atmosphère évoquant tantôt Euphoria, tantôt The Florida Project (sans jamais arriver au niveau des deux, cela va sans dire). Vient ensuite son deuxième épisode, hautement plus convenu, aussi bien sur le plan narratif qu’esthétique. Les maigres espoirs qu’on entrevoyait dans le chapitre inaugural de Dare Me volent alors en éclat : c’est plat, plutôt creux et pas aussi novateur que ça pourrait l’être.
Pour autant, on a du mal à cerner ce que veut être Dare Me. Un thriller ? Un récit sur l’amitié entre filles ? Une œuvre cherchant à explorer les affres du cheerleading ? Et si elle aspire à être les trois à la fois, mieux vaut avouer que c’est un flop retentissant. Car en plus de se focaliser sur les rivalités au sein de cette équipe de pom-pom girls, la série inclut des flash-forward au début et à la fin de chaque épisode, nous faisant ainsi comprendre qu’un drame va avoir lieu (une mort, sans doute). Ce fil rouge n’est tristement pas assez captivant pour nous garder en haleine et la série aurait gagné à davantage se focaliser sur l’aspect sportif plutôt qu’ajouter cette dimension thriller clairement superflue.
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Tout n’est pas scandaleux, thank god. Si le rôle de la coach aurait mérité d’être confié à une actrice plus charismatique (Willa Fitzgerald, croisée dans Scream, déploie un jeu trop faiblard), les deux BFF au cœur du récit portent la série sur leurs épaules. Interprétées par Herizen Guardiola (The Get Down) et Marlo Kelly (Patricia Moore), Addy et Beth sont liées par une amitié complexe, tour à tour ambiguë, touchante et incompréhensible. La force de la série est bien là, mais cela ne suffit pas pour distinguer Dare Me du flot de teen dramas dont on est inondé.
Au bout du compte, Dare Me a tout d’une occasion manquée. On aurait pu avoir droit à un drame puissant sur les coulisses du cheerleading et notamment sur la pression mise sur ces filles qui doivent surveiller leur poids au kilo près (l’aspect trouble alimentaire est tout juste effleuré pour l’heure). Au lieu de ça, on se retrouve avec une série ado basique au possible, voulant marcher dans les pas de Riverdale tout en s’ankylosant dans des intrigues déjà vues et des tropes surannés. Dommage.
Dare Me est diffusée sur USA Network depuis le 29 décembre 2019 aux États-Unis et reste inédite en France.