Les Suisses ont lancé un oui retentissant en faveur du “mariage pour tous” lors d’un référendum dimanche 26 septembre, imposant une cuisante défaite à ses opposants, qui y voient une menace pour le bien-être de l’enfant. Le oui a recueilli 64,1 % des voix, selon le résultat définitif communiqué par le gouvernement fédéral et tous les cantons du pays. Les plus conservateurs ont aussi voté pour.
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“C’est un jour historique”, la formule revenait sur toutes les lèvres au QG des partisans du oui, dans un restaurant de Berne, pavoisé de drapeaux arc-en-ciel, et où Mona Gamie, une drag-queen ceinte d’un fourreau bleu scintillant, entonnait “L’Hymne à l’amour” d’Édith Piaf pour marquer l’occasion.
“Aujourd’hui, c’est le reflet du changement de mentalité qu’il y a eu ces 20 dernières années, c’est vraiment le reflet de cette très large et très importante acceptation des personnes LGBT dans la société”, s’est félicitée Olga Baranova, porte-parole du comité du oui, auprès de l’AFP.
Pour Deborah Haenni, membre du collectif Libero qui a fait campagne pour le oui, “c’est un jour de fête, de victoire après huit ans de campagne”. Et de souligner que la Suisse, en adoptant l’union homosexuelle, “se met au même rang que les autres pays au niveau de cette ouverture et de cette progression”.
Les premiers mariages entre couples de même sexe devraient pouvoir avoir lieu à partir du 1er juillet 2022, a expliqué Karin Keller-Sutter, conseillère fédérale chargée de la justice. “Qui s’aime et veut se marier va pouvoir le faire, indépendamment du fait qu’il s’agisse de deux hommes, deux femmes, ou d’un homme et une femme”, a-t-elle souligné.
Le canton de Bâle-Ville a le plus fort taux de oui, avec 73,96 %, et à l’inverse, il ne l’emporte que de justesse dans celui d’Appenzell Rhodes-Intérieures (50,82 %).
Les Pays-Bas ont ouvert la voie dès 2001 en Europe occidentale. En France, le “mariage pour tous” est légal depuis 2013, en Allemagne depuis 2017. Si la victoire du oui n’est pas une surprise, son ampleur l’est, alors que les opposants avaient mené une fin de campagne offensive à coups d’affiches électorales choc et semblaient remonter dans les sondages.
Tuer le père
Les affiches déploraient la marchandisation de l’enfant et affirmaient que “le mariage pour tous tue le père”. Sur l’une d’elles, on peut voir un bébé en pleurs, avec une étiquette à l’oreille, d’habitude réservée au bétail, et cette question : “Des bébés sur commande ?” Sur une autre, une énorme tête de zombie, censée représenter un père décédé, fixe les passants. Une école primaire en Valais avait même décidé de la recouvrir car elle effrayait les enfants.
Les couples homosexuels peuvent déjà nouer un pacte civil en Suisse depuis 2007, mais le nouveau texte confère de nouveaux droits, et il prévoit notamment que les couples de même sexe puissent adopter un enfant conjointement.
Les couples de femmes pourront, de surcroît, recourir au don de sperme. C’était l’un des points les plus controversés et mis en avant par les opposants. Le don de sperme anonyme reste interdit pour tous les couples en Suisse, tout comme le don d’ovule et la gestation pour autrui.
Pour Monika Rüegger, députée fédérale du parti populiste UDC – premier parti de Suisse – ce dimanche est un “jour noir” pour le bien-être des enfants. Interrogée par l’agence Keystone-ATS, Mme Rüegger dit craindre que la gestation pour autrui ou le don d’ovules ne soient exigés ensuite.
Benjamin Roduit, député fédéral du parti du Centre, a souligné sur la chaîne publique RTS que, pour lui, le “mariage pour tous” entre adultes consentants n’est pas un problème. Cependant, il a dit craindre que cela n’ouvre les portes à l’accès au don de sperme pour les couples de lesbiennes.
Konbini news avec AFP