Préserver les forêts pour tenter de sauver le climat : c’est l’engagement solennel qu’ont pris une centaine de pays, dont certains sont pointés du doigt pour une déforestation intense comme le Brésil, mardi à la COP26. Leur promesse est toutefois jugée trop molle par les défenseurs de l’environnement.
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Poumons de la planète avec les océans, les forêts jouent un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique, en absorbant une partie importante des milliards de tonnes de gaz à effets de serre libérés chaque année dans l’atmosphère par les activités humaines.
Afin d’enrayer leur dégradation et restaurer ces “cathédrales de la nature”, les dirigeants de plus de 100 pays abritant 85 % des forêts mondiales, dont la forêt boréale du Canada, la forêt amazonienne au Brésil ou encore la forêt tropicale du bassin du Congo, ont donc adopté une déclaration sur les forêts dans le cadre de la conférence climatique de l’ONU à Glasgow.
L’initiative, qui bénéficiera d’un financement public et privé de 19,2 milliards de dollars, soit 16,5 milliards d’euros sur plusieurs années, est essentielle pour parvenir à l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, selon le Premier ministre britannique Boris Johnson, hôte de l’événement.
27 terrains de football chaque minute
“On ne peut faire face à la perte dévastatrice d’habitats et d’espèces sans lutter contre le changement climatique, et on ne peut faire face au changement climatique sans protéger notre environnement naturel et respecter les droits des peuples autochtones”, a-t-il déclaré mardi, ajoutant :
“Protéger nos forêts est la bonne chose à faire, non seulement pour lutter contre le changement climatique, mais aussi pour un avenir plus prospère pour tous.”
Les forêts reculent actuellement au “rythme alarmant” de 27 terrains de football chaque minute, selon la présidence britannique de la COP26. Et selon l’ONG Global Forest Watch, la déforestation dans le monde a accéléré ces dernières années : la destruction de forêts primaires était en hausse de 12 % en 2020 par rapport à l’année précédente malgré la crise économique.
Parmi les signataires figurent la Chine, la Russie, la France, l’Australie ou les États-Unis. “Conserver nos forêts et d’autres écosystèmes essentiels est indispensable pour parvenir à nos objectifs climatiques”, mais aussi “avoir une eau propre, maintenir la biodiversité, soutenir les peuples autochtones et réduire le risque de propagation de maladies”, a insisté le président américain Joe Biden.
Un engagement déjà pris en 2014
Le gouvernement brésilien, critiqué pour sa politique environnementale, avait annoncé lundi des objectifs plus ambitieux pour lutter contre la déforestation et réduire les émissions de CO2 : 50 % de moins d’ici 2030 au lieu de 43 %, et la neutralité carbone en 2050. Mais depuis le début du mandat du président d’extrême droite Jair Bolsonaro en 2019, l’Amazonie brésilienne a perdu 10 000 km2 de forêt par an, contre 6 500 km2 annuels lors de la précédente décennie.
Pays voisin, la Colombie a décidé de ne pas attendre 2030, et de protéger 30 % de son territoire dès 2022, a indiqué mardi son président Iván Duque.
Dans le cadre de cette annonce sur les forêts, 28 pays représentant trois quarts du commerce mondial de matières premières susceptibles de menacer les forêts, comme l’huile de palme et le cacao, ont aussi souscrit à une déclaration pour agir de manière plus équitable et transparente.
Plus de 30 institutions financières, comme Aviva ou Axa, se sont, elles, engagées à ne plus investir dans les activités liées à la déforestation. Actuellement, près d’un quart des émissions mondiales de gaz à effet de serre provient d’activités comme l’agriculture ou l’industrie forestière.
Le nouvel engagement contre la déforestation fait écho à la Déclaration de New York sur les forêts de 2014, quand de nombreux pays s’étaient engagés à diviser par deux la déforestation en 2020, et d’y mettre fin en 2030.
Crainte d’échec
Mais pour des ONG comme Greenpeace, l’objectif de 2030 mis en exergue mardi est beaucoup trop lointain et donne le feu vert à “une décennie supplémentaire de déforestation”. Global Witness a dit craindre de voir se répéter “les échecs de précédents engagements” similaires, en raison d’un financement insuffisant et d’un suivi incertain de la parole donnée.
Cette déclaration intervient au lendemain de la harangue du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à “sauver l’humanité”, devant quelque 120 dirigeants et des milliers de délégués et d’observateurs réunis à Glasgow.
Konbini news avec AFP