Ce week-end, Novak Djokovic pouvait devenir le meilleur joueur de l’histoire du tennis. Mais en s’inclinant en finale de l’US Open, il n’a finalement pas dépassé ses rivaux Rafael Nadal et Roger Federer au nombre de victoires en majeur (20). D’un point de vue sportif comme symbolique, la perf’ aurait été historique.
Pourtant, en dépit d’un palmarès qui devrait suffire à mettre les points sur les i, Djokovic demeure contesté. Sa popularité ne vit pas au rythme de ses exploits. Où qu’il joue, il est régulièrement pris en grippe par le public, qui l’a défini comme l’homme à abattre. Mais pourquoi les gens n’aiment pas Djokovic ?
Il flirte avec les règles du fair-play
Là où ses rivaux Nadal et Federer se distinguent par leur élégance et leur comportement irréprochable sur le court, Djokovic, lui, n’hésite pas à jouer avec les règlements dès lors que cela pourrait le rapprocher de la victoire. Au début de sa carrière, nombreux sont ceux à l’avoir accusé d’en rajouter sur son état physique pendant les matches.
“Il a mal aux deux chevilles ? Et à la hanche ? Et au dos ? Et des crampes. Et la grippe aviaire. L’anthrax. Le SRAS. Soit il a tendance à faire un peu trop appel au médecin, soit c’est le gars le plus courageux du monde. À vous de décider”, avait lâché en 2008 Andy Roddick, quelques heures avant de l’affronter en quart de finale de l’US Open.
Temps morts médicaux à outrance, coups de chaud, simulations présumées… Plus récemment, ce sont ses “toilet breaks”, des pauses à rallonge entre les sets (autorisées par le règlement), qui font grincer des dents, que ce soit chez les adversaires ou dans le public.
Chargement du twitt...
Il veut bousculer les traditions du tennis
Dans un sport aussi traditionnel que le tennis, les évolutions majeures demeurent assez rares. Cela n’a pas empêché Djokovic de se positionner clairement en faveur de certaines d’entre elles, et pas les plus populaires. Le Serbe a été l’un des fervents soutiens à la réforme de la Coupe Davis entérinée en 2018. “Le format de la Coupe Davis devrait, je pense, être changé. Son calendrier est très, très mauvais en particulier pour les meilleurs joueurs”, avait-il déclaré dès 2015.
Djokovic, qui évoque régulièrement l’aspect trop conservateur de son sport, espère également voir les matches se disputer au meilleur des trois manches dans les tournois majeurs (contre cinq manches actuellement). “Les tournois du Grand Chelem ont une longue tradition, une longue histoire, je ne sais pas s’il y a une chance de changer cela. Mais oui, je suis fan du meilleur des trois sets, avait-il dit en novembre 2020. Je pense que la durée d’attention des fans, en particulier de la nouvelle génération, est plus courte. À nous d’améliorer le produit tennis d’un point de vue commercial et marketing.”
Il a provoqué un cluster
En juin 2020, une partie du monde est encore sous cloche quand Novak Djokovic lance l’Adria Tour, une exhibition censée permettre de renouer avec le monde d’avant-Covid et réunissant sur trois villes (Belgrade, Zadar et Zagreb) un contingent de joueurs régionaux (Coric, Cilic, Lajovic, Dimitrov…). Absence de huis clos, public sans masque, distanciations sociales oubliées… Autour du court, les précautions sont minimales et, dans le même temps, Djokovic et ses amis multiplient les concerts, soirées et bains de foule.
“Je sais qu’il y a beaucoup de critiques, surtout venant de l’Ouest”, réagit alors le Djoker. “Pourquoi y a-t-il du public ? Pourquoi ne respectons-nous pas la distanciation sociale ? C’est difficile d’expliquer aux gens que la situation ici est très différente de ce qu’elle est aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Nous avons respecté tous les protocoles et le résultat est génial”, s’enthousiasme-t-il alors.
Sans se douter que le pire est à venir, car cette édition de l’Adria Tour n’ira jamais à son terme. La finale entre lui et Andrey Rublev est annulée quelques minutes plus tard, suite au contrôle positif de Grigor Dimitrov. Le lendemain, Borna Coric puis Viktor Troicki sont à leur tour déclarés positifs. Quant à Djokovic, “profondément désolé” de la tournure des événements, il a quitté Zadar (où devait se tenir la finale) pour Belgrade sans avoir passé de test… avant d’être finalement déclaré positif à son tour quelques jours plus tard.
Chargement du twitt...
Il peut être négligeant avec les bénévoles
Il paraît que c’est la façon dont les célébrités se comportent avec les “petites mains” qui en dit long sur leur vraie nature. À ce titre, Novak Djokovic n’a pas toujours été irréprochable durant sa carrière. En 2015, à deux reprises (en finale à Miami, puis en 8e de finale à Wimbledon), il s’emporte contre des ramasseurs de balles, pas assez prompts à lui rapporter sa serviette. À chaque fois, le Serbe s’est excusé après coup.
Mais son comportement colérique lui a coûté bien plus cher lors de l’US Open 2020. Engagé en 8e de finale contre l’Espagnol Pablo Carreño-Busta, Djokovic perd ses nerfs et expédie (involontairement) une balle en pleine gorge d’une juge de ligne. Résultat, une disqualification immédiate, et une image encore écornée.
Chargement du twitt...
Pour les pro-Federer et pro-Nadal, il est le méchant
C’est peut-être là que se situe le nœud du problème pour Djokovic. La planète tennis est déjà scindée entre les fans du Suisse et ceux de Rafa lorsque le Serbe commence à enchaîner les succès. De troisième larron, Djokovic devient en moins d’une décennie un concurrent direct dans la course au record de victoires en Grand Chelem.
Il endosse, en prime, le rôle du briseur de rêves. Sur ses cinq derniers affrontements avec Nadal en Grand Chelem, Djokovic a gagné quatre fois. D’ailleurs, toutes compétitions confondues, l’Espagnol ne l’a plus vaincu sur une autre surface que la terre battue depuis la finale de l’US Open en 2013… Pour Federer, c’est encore pire, puisqu’il faut remonter à 2012 pour trouver la trace d’une victoire du Suisse sur le Serbe dans un Majeur. Et Djokovic a remporté les quatre dernières finales en Grand Chelem qu’il a disputées contre lui… De quoi hanter les nuits des pro-“Fedal”.