Deux organisations de la restauration s’émeuvent de la possibilité donnée aux salariés de payer leurs achats alimentaires grâce aux titres-restaurants, car ceux-ci, plaident-elles, doivent rester dédiés au financement de la pause déjeuner des salariés. “Afin de soutenir le pouvoir d’achat des Français“, les titres-restaurants “peuvent être utilisés par les salariés, pour acquitter en tout ou en partie le prix de tout produit alimentaire, qu’il soit ou non directement consommable” et ce jusqu’au 31 décembre 2023, indique le ministère de l’Économie sur son site Internet.
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“Les professionnels de la restauration refusent de voir les titres-restaurants devenir des chèques alimentation”, affirment dans un communiqué commun le syndicat patronal GNI (indépendants de l’hôtellerie-restauration) et le SNRTC (Syndicat national de la restauration thématique et commerciale).
Tous deux ont écrit au gouvernement “afin d’attirer son attention sur les risques” d’une mesure jugée “contraire à l’objet du titre-restaurant”, qui est de “permettre aux salariés qui ne disposent pas d’une cantine d’entreprise de prendre un véritable repas” à midi, selon Didier Chenet, président du GNI, cité dans le communiqué.
“La pause déjeuner serait menacée et la santé des salariés avec”, affirme de son côté Hervé Dijols, président du SNRTC. Les deux organisations craignent de voir “compromettre le régime social et fiscal du titre-restaurant en faisant de lui un moyen de paiement ordinaire” et que cela “vienne dégrader sérieusement l’activité des commerces de bouche de proximité” fréquentés par les salariés au moment de leur pause repas, “au bénéfice des géants de la distribution”.
L’an dernier le GNI, qui juge trop élevées les commissions appliquées par les sociétés émettrices de titres-restaurants Edenred, Up, Natixis Intertitres et Sodexo, avait appelé des milliers de restaurateurs à se fédérer pour obtenir réparation du préjudice causé par les “pratiques anticoncurrentielles” de ces sociétés, sanctionnées par l’Autorité de la concurrence. En décembre 2019, ces quatre entreprises avaient été condamnées à un total de 414 millions d’euros d’amendes, pour une “entente portant sur des échanges d’informations” et un “verrouillage” du marché des titres-restaurants — des sanctions dont ces entreprises ont fait appel.