Il y a deux ans, je suis rentré du Japon.
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C’était mon deuxième voyage au pays de l’okonomiyaki, un road trip de près de trois mois où j’avais passé le plus clair de mon temps à écumer les bars, restaurants et rades en tous genres de l’île de Honshu, la plus grande île de l’archipel nippon. Avec l’objectif de me péter le bide un peu partout – mais de le faire bien, façon brigand gastronome.
Dans l’avion du retour à Paris, j’ai foutu quelques onigiris thon-mayo et des tonnes de furikake dans mon sac. J’étais déjà salement inquiet : où est-ce que j’allais bien pouvoir trouver de la bonne bouffe japonaise en France, maintenant ? C’est ainsi que, chevalier de la boustifaille et défenseur des takoyakis au pays des grenouilles, débuta ma quête.
À la recherche de l’izakaya perdu
En France, on trouve des tonnes de restos de sushis, absolument à tous les coins de rues. Des chaînes comme Sushi Shop ou des trucs aux noms plus obscurs genre Asian Touch ou Oishi Tokyo. Je n’ai rien contre eux et, souvent, ils ne sont pas foncièrement mauvais, mais voilà : ce ne sont pas des restaurants japonais. Ils servent des ersatz de véritables sushis, ne proposent rien du vaste panel de la cuisine nippone et foutent des brochettes au fromage partout, chose inexistante au Japon.
Au risque de sonner tocard, ma quête tendait vers un but plus noble : dégoter ces véritables restaus où se réunissent les Nihonjin de France, où l’atmosphère rappelle le Japon, où l’on peut manger seul sur une banquette, où l’on nous file une serviette chaude avant le repas. Et surtout : où l’on trouve un véritable échantillon de la cuisine japonaise, de l’unagidon au sukiyaki en passant par le duo soba-tempura et le karaage.
Jeune alcoolique en puissance, j’ai donc débuté par les izakayas. Il s’agit, de l’autre côté du globe, de bistrots de tapas japonais, où l’on picole autant que l’on bouffe toutes sortes de petites choses magnifiques dans une ambiance bonne franquette et à prix honnêtes. Et à Paris, quel meilleur endroit que la rue Sainte-Anne et le quartier de l’Opéra, célèbre repère des Japonais de la capitale ?
Naniwa-Ya, Sapporo, Higuma : voici les trois adresses izakaya-like les plus visibles de la rue. Pour les petits budgets, ce sont aussi les moins chères. On retrouve là-bas un melting-pot conséquent de cuisine japonaise : curry, gyoza, takoyaki, natto, futomaki, etc. C’est presque trop. D’ailleurs, aucun d’entre eux n’est exceptionnel, même si ma préférence va à Naniwa-Ya. On n’y trouve ni l’atmosphère, ni les véritables saveurs d’un izakaya. Ils font le boulot si on veut se prendre un petit shot de Japon, entre potes et pour pas cher, c’est tout. Déception.
Si l’izakaya “original” n’existe pas dans ce quartier, alors où ? J’ai décidé de taper un peu plus dans l’originalité. D’abord, direction le Shinjuku Pigalle. Là, on est résolument sur une carte plus haut de gamme (et les prix aussi) : saba-yaki, sushis de thon gras toro et grands crus de saké sont au menu. C’est délicieux, l’ambiance est très agréable et un peu chaotique, on y parle japonais et il y a des images de films pornos rétros nippons dans les toilettes. C’est chouette, mais c’est aussi très cher. Dans un genre similaire, on vous recommandera Izakaya Issé, Kintaro (proche Opéra) et Peco Peco (proche Pigalle), ou Koko, à côté de la station de métro Jaurès (leurs sushis à l’unagi sont délicieux).
Donnez-moi une ambiance et des tempuras
Et si l’on veut du plus haut de gamme, encore, il existe AO Izakaya du chef Yasuo Nanamui. Mais pour le coup, on est plus proche du gastro que de l’izakaya. C’est un peu le problème dans beaucoup de restos japonais de la capitale : même si on y mange souvent bien, on est très loin de l’authenticité d’un véritable restaurant de Kurashiki ou Hiroshima.
Moi, je veux un vrai repaire de Nippons où ça gueule “Gochisôsamadeshita !” (“Merci pour ce délicieux repas !”) en partant. Alors, passant outre mon amour inconditionnel pour les izakayas, j’ai visé plus large.
Le premier restaurant qui dégage vraiment un air de Tokyo, c’est le Kodawari Ramen du quartier Saint-Michel. Tout simplement parce que le restaurant représente une “Yokocho”, une ruelle japonaise étroite où l’on trouve plein de bars. C’est très cool et les ramens sont délicieux. On vous recommande le Kurugoma Ramen, au sésame noir. En revanche, vous allez vous farcir une heure de queue.
Côté sushi, il n’y a qu’un seul endroit qui vaille le coup à Paris – et je pèse mes mots. Il s’agit de Foujita, près du Palais Royal. Vous trouverez là-bas de véritables sushis bien épais et qui sortent du triptyque classique des sushis français (crevette, thon, saumon) : bonite, poulpe, anguille, thon rouge, coquille saint-jacques, etc. Et on peut même manger mon plat japonais favori, quasiment introuvable à Paris : l’unagidon. C’est de l’anguille cuisinée à la japonaise sur un bol de riz. Et ça déchire.
Troisième et dernier endroit qui pue le Japon, peut-être mon favori : Abri Soba. Spécialités : les soba (nouilles de sarrasins), servies avec des tempuras (fritures de légumes ou crevettes). Ici, les serveurs et les cuistots sont tous japonais et ils rament parfois même un peu en français, pour notre plus grand plaisir. Avec un menu du midi à 18 euros avec un plat, une vraie miso, une petite omelette et des légumes dans un minibol, vous allez vous péter le bide. On vous recommande les zaru soba, servies froides. Et surtout, faites du bruit en avalant, comme au Japon.
Le restaurant japonais parfait n’existe pas
Il y a des tonnes de restaurants qu’on aurait voulu citer ici : le sympathique Kuma dans le Marais pour son curry, Omusubi Gonbein pour ses onigiris, Bobo snack pour des plats cheap à emporter, Cococo pour les bentos vegans, Mizushi pour de la livraison, etc, etc, etc.
Mais chercher le restaurant japonais parfait à Paris, c’est comme essayer de finir la corne d’abondance : c’est impossible, très long et en même temps assez agréable. On est à l’affût de toutes les adresses, de tous les bons plans et de nouvelles tentatives culinaires. Lancez-vous dans votre propre quête : vous découvrirez des saveurs et des ambiances aussi merveilleuses que la splendide shōtengai d’Osaka, où on aimerait bien aller grignoter prochainement.