Conséquences de l’effet de serre, les variations de températures modifient les cultures et affectent la production de nombreux produits alimentaires. Après le café, la bière, la truffe ou encore le chocolat, on constate que l’huile d’olive, symbole du régime méditerranéen, est aussi menacée.
À voir aussi sur Konbini
Les récoltes italiennes d’huile d’olive n’ont jamais été aussi faibles depuis vingt-cinq ans, avec une baisse de 57 % de la production, comme le rapportait Munchies en 2018. La Botte, qui utilise le précieux sésame dans presque tous ses plats emblématiques, songe même à en importer… Coup dur pour la péninsule.
Des récoltes de plus en plus faibles
Un mouvement de protestation mené par des oléiculteurs, appelés les gilets orange, avait d’ailleurs vu le jour dans les rues de Rome pour demander au gouvernement des mesures compensatoires. Toutefois, ce n’est pas la première fois qu’on évoque des récoltes désastreuses en Europe. L’année 2014 et ses oliveraies entièrement décimées resteront dans les annales : 35 % de pertes en Italie et 50 % en Espagne, premier producteur mondial, lors de cette année maudite.
En France aussi, les chiffres sont parlants, l’Association française interprofessionnelle de l’olive expliquait sur RTL qu’entre 2000 et 2005, le pays avait produit en moyenne 5 200 tonnes d’huile d’olive, contre 4 000 tonnes entre 2011 et 2016.
Un climat imprévisible
Les raisons de ces baisses inattendues sont liées à des bouleversements climatiques. Bien que l’olivier résiste à des températures très élevées, le professeur Riccardo Valentini, directeur du Centre euro-méditerranéen sur le changement climatique, expliquait au Guardian que le réchauffement était la cause principale de ce faible rendement, car il modifie les cycles habituels du climat.
En clair, le gel hivernal a surpris les pays du sud de l’Europe, qui n’ont pas l’habitude de subir autant les températures basses. Aussi, des pluies torrentielles sont venues perturber l’équilibre des terres en plein été. Des périodes de sécheresses intenses ont également participé à compromettre la réussite des récoltes.
Dans le sud de l’Italie, ces variations climatiques ont participé au développement de la mouche de l’olive – d’ordinaire facilement éradiquée – qui s’est répandue dans le nord du pays et en Grèce. Par ailleurs, la bactérie xylella fastidiosa, qui a notamment sévi en Andalousie, a également contribué à une réduction de la production.
En Tunisie, le pays continue de faire de bons chiffres, mais les effets du réchauffement commencent à se faire sentir : 80 % des oliveraies ne sont pas irriguées et vivent de l’eau de pluie – or, les différentes vagues de sécheresse compromettent ce mode de production.
L’Australie, un nouveau leader ?
Le prix de l’huile d’olive est forcément influencé par les effets de cette chute de production. En décembre 2019, le prix de l’huile d’olive extra-vierge a atteint le seuil des 5,60 euros au kilo, soit une hausse de 40 % par rapport au mois de juin de la même année, souligne Le Monde.
Pour limiter les effets du réchauffement, on commence alors à privilégier des plantations super-intensives, exigeant énormément d’eau, ou d’autres, plus résistantes à la sécheresse, au détriment de l’agriculture raisonnée et respectueuse des sols. Bien que touchées, la Grèce et la Tunisie sont aujourd’hui moins atteintes par les problèmes de mouches et de bactéries, en comparaison avec l’Espagne, l’Italie ou la France. Elles pourraient donc accroître leur part de marché dans les années à venir, mais un autre pays pourrait, selon Sciences et avenir, devenir le prochain leader de l’olive : l’Australie, qui bénéficie d’un climat propice.