Je ne sais même plus qui me l’avait refourgué. Probablement une entreprise de la tech qui, lors d’une conférence de presse, cherchait à corrompre du journaliste avec ces… ces quoi, d’ailleurs ? Ces espèces d’anneaux qui n’ont pas encore trouvé leur nom officiel, ces anneaux qui, après recherche Google, répondent à des appellations barbares : “anneau antichute”, “anneau support” (l’inverse, “support à anneau”, marche aussi), “poignée de téléphone”, “anneau titulaire” ou même… “anneau de doigt” (on vous voit venir, les esprits mal placés). Le soir même, j’avais relégué cet anneau antichute (mon nom préf) dans mon tote bag à goodies pourris et je ne suis retombé dessus que récemment, après un grand ménage de printemps. Au moment où j’allais le glisser dans le sac destiné à Emmaüs, je me suis souvenu de ce que j’avais récemment entendu dans un TEDx : “Sortez de votre zone de confort, même pour les petits gestes du quotidien.” J’ai regardé l’anneau. L’anneau m’a regardé. Je pensais m’embarquer dans une relation d’un soir. Un test rapide, juste pour voir. Un quasi-plan cul. On s’était trompés. Aussitôt collé sur la coque en silicone de mon Pixel 6, l’anneau et moi ne nous sommes plus quittés. Au quotidien, il s’est révélé être une source de plaisir diffus, intense par moments. Un fidèle partenaire qui, depuis six mois, canalise une partie de mes pulsions.
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Les quatre fonctions
L’anneau remplit parfaitement les deux fonctions officielles pour lesquelles il a été créé : l’antichute et le support. L’antichute parce qu’en téléphonant, on l’enfile comme une bague et, à moins d’être vraiment très nul, impossible de le faire tomber. Le support parce qu’il permet de poser son téléphone à la verticale ET à l’horizontale (et ça, c’est merveilleux) sur une surface dure. Parfait pour regarder une série quand on n’a pas mieux. Mais l’anneau s’est révélé bien plus utile. Puisqu’il est accroché au doigt quand on téléphone, il empêche tous les vols à l’arraché. Une quiétude inestimable quand on téléphone dans le métro ou le soir, dans un quartier craignos et mal éclairé. Encore moins prévisible : mon précieux anneau a permis de transformer mon téléphone en fidget permanent. En réunion, dans la rue ou au cinéma, mon téléphone est désormais en rotation permanente. Je me suis même lancé un grand défi : faire faire un triple 360° à mon téléphone. Mon record actuel culmine à deux rotations. Selon une statistique établie par moi-même, seule une personne sur dix possède un anneau. Les préjugés sont encore tenaces. La police du goût l’est encore plus. Il est temps de se lancer. Deux euros pour des petites jouissances quotidiennes, ça ne se refuse pas. Car il n’y avait aucun mensonge dans le titre : les anneaux de téléphone les moins chers commencent bel et bien à deux euros – le mien doit vraiment valoir ce prix-là.
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