Les élevages de poissons ont des effets dramatiques sur l’environnement et la sécurité alimentaire des hommes, selon une étude de l’ONG Bloom.
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Quand on achète du poisson en France et plus généralement dans les pays occidentaux, on ne fait pas vraiment dans la créativité : saumon, cabillaud, gambas ou crevettes. À force de s’empiffrer de california rolls saumon-avocat et de poisson pané, on a fini par vider les océans. Ces gros poissons et crustacés sont de moins en moins nombreux dans la mer. Puisque l’appétit humain et le commerce n’ont pas de limites, on s’est donc dit qu’on allait en élever au lieu de les pêcher à l’état sauvage. Et cet élevage intensif aurait des conséquences “dramatiques” pour l’homme et son environnement.
L’ONG Bloom a publié mardi une étude nommée “Le côté obscur de l’aquaculture”. L’aquaculture est l’élevage de poissons appréciés par les consommateurs occidentaux. Or, ces poissons-là sont de grosses bêtes en haut de la chaîne alimentaire marine, qui se nourrissent donc de plus petites espèces. Le problème c’est que pour nourrir ces gros poissons d’élevage, on va pêcher du petit poiscaille.
Harengs, sardines, anchois et maquereaux sont capturés dans des quantités massives pour nourrir les poissons d’élevage. On en fait des huiles et des farines et on les donne à nos saumons, gambas et autres thons adorés. Mais aussi à des animaux qui n’ont rien demandé, et qui n’ont pas du tout l’habitude de se nourrir de produits de la mer, comme les porcs et les volailles. Après tout, on n’a jamais vu un porc pêcher, comme le rappelait Claire Nouvian, la présidente de l’ONG, au micro de France Info.
“Entre 1950 et 2013, 25 % des captures de poissons dans le monde […] ont été réduites en farine et en huile.” Un quart de la pêche mondiale qui ne sert donc qu’à l’élevage. Au lieu de les donner à des gros poissons ou à des porcs, on pourrait aussi les manger. Car 90 % de ces poissons sont tout à fait consommables par les humains, précise Bloom.
Le côté obscur de nos california rolls
Histoire d’en rajouter à l’absurdité de la situation, cette pêche minotière (qui capture des espèces destinées à nourrir d’autres espèces) a lieu non pas autour des côtes des pays qui consomment ces gros poissons, mais plutôt du côté de pays en développement. Où là, en revanche, on mange sardines, harengs et autres maquereaux. En d’autres termes, on vide l’assiette de populations plus pauvres pour avoir du saumon et du thon sur nos sushis. Au passage, ces gros navires abîment bien les fonds marins et menacent certaines espèces en leur enlevant à elles aussi leur pain quotidien.
L’ONU a fixé un code de conduite pour la pêche responsable et on se doute que celle-là ne le respecte pas. La pêche doit contribuer à la sécurité alimentaire et doit être limitée aux espèces qui ne sont pas consommables par l’homme. “Est-il éthique d’éliminer les poissons d’un endroit où ils sont nécessaires pour créer moins de protéines – mais davantage désirées – dans un autre endroit déjà largement suralimenté ?”, demande l’ONG.
Bloom clame pourtant qu’il y a des solutions : manger moins de poissons d’élevage, moins de viande, choisir des produits locaux (et peut-être moins prisés que le thon, le cabillaud et le saumon), arrêter de nourrir les porcs et les volailles avec du poisson et opter plutôt pour des farines d’insectes et du sang récupéré dans les abattoirs. On y pensera la prochaine fois qu’on a envie d’un pavé de saumon.