En saison 10, The Walking Dead renaît de ses cendres

En saison 10, The Walking Dead renaît de ses cendres

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Ⓒ AMC

La série zombiesque est sur une pente ascendante depuis le début de la saison. Démonstration en 5 points. Attention, spoilers.

#1. Le grand retour de Negan

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Déchu de son trône à la fin de la saison 8, Negan avait été épargné par Rick et emprisonné à Alexandria. Comme dans les comics, l’ancien leader des Sauveurs a passé une saison entière dans l’oubli, et n’a fait qu’échanger quelques considérations existentialistes et spirituelles avec le père Gabriel. On y voyait alors un gaspillage monstrueux du talent de Jeffrey Dean Morgan et du charisme de cet antagoniste emblématique de The Walking Dead.

Bonne nouvelle : avec la saison 10, Negan est enfin sorti de prison. Dans la nature, et au plus près des Chuchoteurs, le grand méchant a retrouvé tout son panache, symbolisé par le retour de Lucille et sa veste en cuir fétiche. La showrunneuse Angela Kang a libéré Negan de ses chaînes dans tous les sens du terme. Il a commencé sa rédemption en sauvant Judith, par exemple, mais reste toujours une menace pour les communautés alliées d’Alexandria, comme en témoigne son rapprochement avec Alpha et Beta.

Cette version 2.0 de Negan est bien plus captivante que le souverain tyrannique post-saison 7 ou le détenu de la saison 9. Il est redevenu cet antagoniste imprévisible et insaisissable, capable de sauver une femme et son fils avant de massacrer un de ses fidèles à coups de pierre la seconde d’après. L’épisode “What It Always Is” marque d’ailleurs la renaissance de Negan, avec un Jeffrey Dean Morgan en extase et des spectateurs tout aussi convaincus devant le retour en grâce d’un personnage trop longtemps sous-exploité.

#2. Les racines horrifiques de The Walking Dead

Ⓒ Jackson Lee Davis/AMC

Depuis plusieurs saisons, The Walking Dead avait laissé de côté un composant clef de son ADN : l’horreur. Celle que Rick a découverte en se réveillant dans l’hôpital d’Atlanta, celle que cachait le Gouverneur à l’abri de tous dans sa chambre ou celle qui nous a tous crispés dans la gare du Terminus, alors que nos héros allaient être égorgés comme des porcs. Sous l’influence des Chuchoteurs, Angela Kang en a profité pour remettre quelques sueurs froides dans l’intrigue et la mise en scène de la série.

The Walking Dead revient aux sources tout en se permettant quelques sursauts de créativité. Le meilleur exemple est l’épisode “Ghosts” qui, en plus de sa référence au surnaturel, plonge ses personnages et les spectateurs dans l’angoisse. On y retrouve une autoréférence à la série (la paranoïa de Carol évoque celle de Rick avec le téléphone de la prison en saison 3), ainsi qu’un travail sur l’ambiance à glacer le sang. Les hallucinations de Carol nous font trembler comme on l’a rarement fait devant le show, les zombies reprennent leur place de menace principale le temps d’un épisode et le réalisateur David Boyd se permet même quelques jump scares bien sentis.

#3. Des femmes au pouvoir et plus de diversité

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Nous l’avions déjà dit ici et la saison 10 ne fait que le confirmer : l’arrivée d’Angela Kang dans les coulisses de la série a également rebattu les cartes à l’écran. La présence d’une femme à la tête de The Walking Dead se répercute sur l’histoire et ses protagonistes, si bien qu’Alexandria, la Colline, le Royaume et Oceanside (voire les Chuchoteurs) étaient au moins codirigés par une femme dès la saison dernière. Michonne, Carol, Alpha, Yumiko et Magna ont pris du galon sous l’égide de la showrunneuse, en plus de gagner en responsabilités.

Autre effort réalisé sur les personnages de la série : la diversité, aussi bien dans le cast que dans les intrigues. La présence de Lauren Ridloff, actrice malentendante, dans un rôle majeur est un ajout crucial d’inclusivité. The Walking Dead prend en plus le temps de filmer des échanges en langue de signes ou sur un bloc-notes, sans jamais les précipiter ou les bâcler, pour en faire un vrai sujet. Enfin, la série se réessaye aux relations amoureuses homosexuelles, même si nous resterons méfiants vis-à-vis de cet élément scénaristique : des personnages comme Eric et Denise ont subi de plein fouet le trope “bury your gays” par le passé.

Le départ imminent de Danai Gurira, l’interprète de Michonne, devrait être compensé par le retour de Lauren Cohan dans les bottes de Maggie. Mais Angela Kang a encore du pain sur la planche avant d’atteindre la parité parmi les personnages, surtout après le contrat en or signé par Norman Reedus pour prendre les rênes de la série.

#4. Des fillers plus captivants

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Les dernières saisons de The Walking Dead ont toujours été trop longues. La série aurait vraiment gagné en rythme et intensité en passant de 16 à 12 voire 10 épisodes par an pour tenir en haleine ses spectateurs. Ainsi, elle est devenue la reine des épisodes de remplissage (ou fillers) soporifiques à rallonge, qui ne racontent pas grand-chose et donc ne font pas avancer l’histoire. La saison 10, qui parvient déjà assez ingénieusement à s’en passer, vient en plus de relever le niveau avec l’épisode “We Are the End of the World”.

La découverte des origines d’Alpha et Beta a eu un vrai impact sur les spectateurs. Il est d’abord factuel : on saisit l’importance et l’utilité des masques des Chuchoteurs, ainsi que celle de l’alphabet grec comme outil de hiérarchisation de leur communauté. Mais ces flash-back sont aussi et surtout émouvants, un sentiment que The Walking Dead avait souvent du mal à recréer ces dernières années. Avec cet épisode, Alpha et Beta deviennent de vrais méchants qu’on adore détester, comme le Gouverneur et Negan l’ont été à leurs heures de gloire.

#5. Une pointe d’audace

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Peut-être sous l’influence de son spin-off Fear The Walking Dead, qui n’est jamais loin de “sauter par-dessus le requin”, la série mère redouble de créativité dans certains passages de son histoire. Si elle s’efforce de rester proche des comics pour ne pas fâcher les fans de l’œuvre de Robert Kirkman et Charlie Adlard, Angela Kang ose prendre des risques. L’épisode “Lines We Cross” a notamment surpris tout le monde en commençant dans… l’espace, pour nous montrer le crash d’un satellite sur Terre.

La force d’écriture de la showrunneuse se ressent dans la cohérence qu’elle impose entre ses idées originales et la fidélité aux comics. Ainsi, les composants du satellite récoltés par Eugene vont lui servir à créer une radio plus puissante, capable de contacter des communautés éloignées d’Alexandria. On pense forcément au Commonwealth, la prochaine étape du récit pour les scénaristes, qui prend la suite de l’arc des Chuchoteurs dans la bande dessinée. Rien n’est laissé au hasard, et c’est très appréciable dans une série telle que The Walking Dead, qui souffrait d’un symptôme d’incohérence aigüe chronique.

On ne le dira jamais assez, mais Angela Kang doit aussi œuvrer au sein d’un contexte pour le moins nauséabond : entre l’interminable procès entre Frank Darabont et AMC, les baisses annuelles budgétaires et d’audience de la série, les départs successifs d’Andrew Lincoln, Lauren Cohan et Danai Gurira, et la fatigue du public pour une série qui dure depuis bientôt dix ans, la showrunneuse se bat contre vents et marées. Aussi, on ne peut que saluer son travail pour faire perdurer une œuvre populaire que certains essayent d’enterrer depuis ses premières saisons.

En France, la saison 10 de The Walking Dead est diffusée tous les lundis en US+24 sur OCS Choc.