The Terror, une odyssée horrifique et stylisée en eaux troubles

The Terror, une odyssée horrifique et stylisée en eaux troubles

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© AMC

Produite par Ridley Scott, The Terror promet des sueurs froides et une plongée glaçante dans la disparition mystérieuse de deux navires de la Royal Navy au XIXe siècle.

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Les drames historiques font le bonheur du câble et des plateformes en période de Peak TV. Fortes d’une production solide et d’une esthétique réussie, elles favorisent le mélange des genres comme Taboo (avec la série noire) et Peaky Blinders (avec la série mafieuse). Avec The Terror, la nouvelle anthologie de AMC produite par Ridley Scott, le scénariste David Kajganich s’emploie à mixer fantastique, récit horrifique et period drama en adaptant le livre éponyme de Dan Simmons.

Au début des années 1840, le royaume d’Angleterre fait appel à l’explorateur Sir John Franklin pour ouvrir une voie maritime à travers l’océan Arctique. L’objectif est de contrôler le passage nord-ouest, dangereux mais extrêmement important pour les échanges commerciaux. Avec ses officiers Francis Crozier et James Fitzjames, l’équipage embarque à bord de deux vaisseaux de la Royal Navy : le HMS Terror et le HMS Erebus.

Au cours de leur long périple, les deux navires se retrouvent coincés dans les glaces hivernales. L’attente interminable, le manque de vivres et les conditions climatiques déplorables de la région vont alors engendrer des tensions entre les membres de l’équipage et les officiers. Si le capitaine Franklin devra avant tout éviter les mutineries et apaiser la colère de ses hommes, aucun d’entre eux ne s’attendait à affronter une mystérieuse créature sortie tout droit de leurs pires cauchemars…

Le calme avant la tempête

AMC n’a pas lésiné sur les moyens pour cette première saison de The Terror. Les trois protagonistes sont des vétérans du septième art, souvent aperçus sur le petit écran ces dernières années. Ciarán Hinds et Tobias Menzies incarnaient respectivement Mance Rayder et Edmure Tully dans Game of Thrones (ou Jules César et Marcus Junius Brutus pour ceux qui se souviennent de Rome), tandis que Jared Harris campe le roi George VI dans The Crown.

Les trois acteurs crèvent l’écran et imposent leur charisme naturel dans la série, même si le personnage de Jared Harris semble un peu plus complexe et intéressant que celui de ses camarades dans les deux premiers épisodes. En effet, le show prend le temps pour creuser ses héros, présentés d’abord comme des légendes de la marine britannique. Mais leur amabilité et leurs courbettes, trop appuyées pour être sincères, dissimulent forcément un malaise qui se dessine au fur et à mesure que l’étau se resserre autour de leur expédition.

À la manière d’un slow burner, The Terror est une série éloquente et esthétique. Elle aime prendre son temps et le faire à travers une mise en scène soignée, une photographie léchée et une production assez hallucinante. Les costumes, les navires, la lumière, la banquise, les dialogues… toute la réalisation est millimétrée et très agréable à regarder. On en prend plein les yeux sur tous les plans, captivé par les vraies-fausses parhélies et le froid ambiant qui isole cet équipage du reste du monde. The Terror réussit un vrai tour de force en instaurant une ambiance glaçante, angoissante et pesante.

En revanche, les amateurs de sensations fortes seront un peu décontenancés par les deux premiers épisodes. Les trailers annonçaient une série centrée sur l’horreur, mais celle-ci peine à se dessiner. Au final, l’épouvante de la série se joue sur le décalage entre le calme apparent des officiers, qui tentent de rassurer leurs hommes avec de grands discours, et l’événement tragique anticipé par le spectateur qui connaît à l’avance le dénouement de l’histoire (le roman de Dan Simmons s’inspire d’une véritable disparition en mer, l’aspect fantastique en moins évidemment).

On est moins fans des flash-back qui interviennent au cours des épisodes. Pas franchement impactant dans l’histoire, ils semblent surtout exister pour introduire des personnages féminins qui n’ont pas le temps d’être construits. Quitte à faire une série masculo-centrée, les scénaristes auraient mieux fait de jouer à fond la carte du huis clos entre hommes, explorant les conséquences d’une longue période de vie dans la promiscuité et sans présence féminine à leurs côtés.

The Terror ne révolutionne peut-être pas le genre et n’est pas exempte de défauts, mais elle rend très vite accro et cultive avec une grande justesse le mystère autour de son MacGuffin. En prenant le temps de creuser ses personnages, se désintéressant momentanément du monstre qui rôde sous la glace, elle réussit le pari de ne pas s’arrêter à son concept. La grande force de Lost et American Horror Story, pour ne citer qu’elles, dont on souhaite la même intensité et la même longévité à The Terror.

En France, la première saison de The Terror est diffusée en US+24 sur Amazon Prime Video.