Après des mois d’attente, le service de streaming de Disney a enfin été lancé le 12 novembre dernier aux États-Unis. Avec son catalogue impressionnant (plus de 500 films et 7 500 épisodes de séries), Disney+ compte bien faire de l’ombre à Netflix et Amazon dans le monde entier. Pour assurer le coup, la firme de Bob Iger a mis les petits plats dans les grands en créant la première série Star Wars de l’histoire, The Mandalorian, dont le pilote a inauguré la plateforme en amont d’une diffusion hebdomadaire par la suite.
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L’intrigue de ce nouveau spin-off de l’univers créé par George Lucas se déroule quelque temps après la chute de l’Empire à la fin du Retour du Jedi. La Nouvelle République est en train de prendre le pouvoir dans la galaxie, mais une partie du cosmos est encore épargnée par ce régime politique dirigé par la chancelière Mon Mothma : la Bordure Extérieure. C’est là qu’agit le Mandalorien, un chasseur de primes qui enchaîne les contrats pour récupérer du beskar, un alliage très recherché par ce peuple de guerriers.
Ce matériau capable de résister aux tirs de blaster est un symbole de puissance pour les Mandaloriens, avec lequel ils confectionnent notamment leur armure. Le beskar a pratiquement disparu de la circulation depuis la Grande Purge, un pillage organisé par Palpatine et ses sbires pour assembler une armée indestructible. Alors quand le chasseur de primes se voit offrir plusieurs lingots de cet or gris, il n’hésite pas une seconde et accepte la requête étrange d’un ancien et mystérieux capitaine de l’Empire qui se fait appeler le Client.
Un nouvel espoir sur le petit écran
Ⓒ Disney+
Dire que les sériephiles attendaient un jour de voir débarquer une série Star Wars est un euphémisme. Une franchise pop culture de cet acabit a toujours eu le potentiel d’être exploitée sur le petit écran, en témoignent les excellents dessins animés canons tels que The Clone Wars et Rebels. Pour ne pas rater le coche, les exécutifs de Disney ont fait appel à Jon Favreau, scénariste, producteur et réalisateur passé expert dans l’art de l’adaptation et notamment au sein de la maison de Mickey (Iron Man, Le Livre de la jungle, Le Roi Lion).
Cantonné au rôle de showrunner pour le moment, Jon Favreau a collaboré avec Dave Filoni pour bâtir l’univers de The Mandalorian. Or, le réalisateur américain est un spécialiste de Star Wars, étant passé par toutes les séries animées de la saga depuis The Clone Wars. Lui et Favreau, conscients des lourds enjeux de fans comme J. J. Abrams à l’époque de la nouvelle trilogie, ont mis en scène un pilote appliqué, spectaculaire et assez jouissif pour tous les adeptes de la franchise, qui se permet même quelques touches d’originalité dans le traitement du genre et de la tonalité.
Ainsi, les deux hommes réemploient à bon escient des poncifs inhérents à la franchise Star Wars : la série débute sur une scène de bagarre dans une cantina qui grouille d’extraterrestres hétéroclites, alors qu’on peut observer des droïdes R2 et R5, des cages de carbonite, quelques Jawas, une poignée de Stormtroopers et même les fameuses transitions PowerPoint rétros au cours de l’épisode. Les références foisonnent mais la caméra de Dave Filoni s’efforce de ne pas en faire une surcharge visuelle, si bien qu’on retrouve simplement une forme de (ré)confort en retournant une énième fois dans cet univers riche, passionnant et décidément exponentiel.
Un western à travers la galaxie
Ⓒ Disney+
Pour l’occasion, l’équipe de la série a également créé de nouveaux éléments. C’est le cas de l’impressionnant Ravinak, le monstre de glace qui attaque le Mandalorien, ou encore du Razor Crest, le vaisseau de notre antihéros imaginé et façonné par le vétéran Doug Chiang (déjà directeur artistique sur La Menace fantôme, L’Attaque des clones et Le Réveil de la Force). À la manière de Rogue One, Jon Favreau assemble les pièces du puzzle manquantes entre les différentes trilogies tout en profitant de ce vide sidéral pour raconter une histoire inédite, celle du Mandalorien.
Et c’est bien ce qui nous intéresse le plus dans la série : qui est derrière ce masque, qu’il est interdit d’enlever ? Dans les coulisses, on sait que Pedro Pascal (Game of Thrones, Narcos) est planqué sous la couche de bestal. S’il est difficile de comprendre les émotions et la psyché du personnage pour le moment, The Mandalorian se montre bien plus sombre et mature que la plupart des films. Le chasseur de primes n’est pas là pour rigoler et manie aussi bien le blaster qu’Anakin le sabre laser.
Forcément, avec un tel niveau d’expertise, le pilote de la série se révèle très spectaculaire. Dans ces séquences musclées, Dave Filoni joue à fond la carte du western contemporain. On pense à cette scène de fusillade très intense, ponctuée de quelques blagues made in Disney plutôt bien jaugées (le droïde IG-11 doit beaucoup au doublage de Taika Waititi).
Ⓒ Disney+
À l’inverse, The Mandalorian offre des moments de silence appréciables et surprenants, qui décrivent la solitude de notre antihéros sans l’appel de dialogues surexplicatifs, un des grands défauts du prequel sur Han Solo par exemple. Enfin, on peut saluer le travail de Ludwig Göransson (Black Panther) sur la BO, plus stridente mais tout aussi impactante que l’inimitable John Williams, auquel il n’est jamais simple de succéder.
Sur le plan visuel, la série est une franche réussite. Si l’année 2019 nous a gâtés niveau imagerie époustouflante (Game of Thrones, Watchmen, His Dark Materials) sur le petit écran, The Mandalorian se révèle sûrement l’un des plus beaux Star Wars, en concurrence directe avec Les Derniers Jedi et Rogue One. La saison 1 devra confirmer cette tendance, mais le budget colossal de la série (120 millions de dollars répartis sur les huit premiers épisodes) se ressent à l’écran et c’est jubilatoire. Au fond, il s’agit peut-être là de la qualité principale de The Mandalorian : une œuvre créée par des fans dont l’amour et le respect se transmettent à ses spectateurs, à la manière de la Force.
En France, la première saison de The Mandalorian sera disponible au lancement de Disney+ en Europe le 31 mars 2020.