En saison 2, The Umbrella Academy est toujours aussi fun et bien plus rythmée

En saison 2, The Umbrella Academy est toujours aussi fun et bien plus rythmée

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© Netflix

Des épisodes plus courts, qui laissent paradoxalement plus de place à nos héros et héroïnes pour exister individuellement.

Elle nous avait manqué et elle revient, plus en forme que jamais. The Umbrella Academy est de retour sur Netflix pour sa deuxième saison, après une première partie plutôt fun, mais inégale, qui présentait à celles et ceux qui ne connaissaient pas les comics dont elle est inspirée le monde déjanté de Gerard Way et Gabriel Bá. Si elle n’est pas exempte de défauts, cette nouvelle fournée d’épisodes vient en tout cas confirmer le gros quotient sympathie de la série, toujours showrunnée par Steve Blackman. Du fun, de l’action et de beaux sentiments sont au rendez-vous, le tout tricoté sur plusieurs timelines, voyages dans le temps obligent. Attention, spoilers !

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Ce retour est littéralement explosif. On retrouve nos sept héros et héroïnes exactement là où on les avait laissé·e·s, c’est-à-dire paumé·e·s dans les couloirs du temps pour échapper à la destruction totale de la planète. Les calculs un peu foireux de Numéro 5 les propulsent à Dallas, dans les 60’s, mais chacun et chacune éparpillé·e·s à quelques années ou mois d’écart. Flashforward : on comprend que le président Kennedy n’a pas été assassiné, mais que quelque chose l’a poussé à déclencher la guerre contre la Russie, qui riposte sur le sol américain. Dallas est un champ de bataille et les sept valeureux membres de la Umbrella Academy se battent, tels des Avengers du petit écran, contre l’envahisseur. Sauf qu’en face, ils balancent quelques bombes nucléaires et… fin du monde. Encore. La poisse.

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La saison 2 a cette drôle d’idée de tenter un parallèle un peu foireux avec la précédente. On craint l’effet de répétition : une nouvelle fois, l’apocalypse semble être provoquée indirectement par Vanya, qui va devoir lutter contre l’idée qu’elle est un monstre, Numéro 5 doit convaincre le gang de l’empêcher d’exploser et en bonus, on se retrouve avec une autre séquence de danse parfaitement dispensable. Bref, la volonté de symétrie avec la saison 1 a ses limites. Fort heureusement, ces dix nouveaux épisodes parviennent à dépasser la figure de style pour injecter un peu de sang neuf. Des épisodes plus courts — on passe de 60 minutes environ à 45 — offrent une narration plus rythmée et la saison gagne ainsi en énergie. Elle ne s’interdit pas, toutefois, de s’attarder sur ses protagonistes, chacun et chacune aux prises avec ses propres tourments, et de nous faire un petit update de leur vie depuis leur arrivée à Dallas. C’est véritablement là que The Umbrella Academy élève le niveau en saison 2.

Si la saison 1 laissait peu de place aux personnages extérieurs au gang, la seconde introduit des éléments étrangers à toutes ces histoires d’apocalypse, donnant ainsi une épaisseur supplémentaire à nos héros et héroïnes. C’est le cas pour Diego, qui a atterri à l’asile psychiatrique, avec sa partner in crime Lila ; pour Vanya, avec Sissy et Harlan et en particulier, pour Allison, avec son mari Ray. Cette dernière a d’ailleurs une storyline qui, malgré son contexte historique la plaçant dans les 60’s, trouve un funeste écho avec l’actualité. Elle qui était une star en 2019 est désormais une femme noire dans l’Amérique de Jim Crow, où la ségrégation raciale est de rigueur.

Employée dans un salon de coiffure, elle rejoint un groupe de militant·e·s pour les droits civiques et fait la connaissance de Ray, son futur mari. Ce dernier, lorsqu’il est confronté aux injustices et aux discriminations raciales a pour mantra “honneur et dignité”, convaincu que des actions fortes, mais non-violentes feront bouger les lignes. Allison lui a bien sûr caché sa véritable identité et ses pouvoirs, qu’elle se refuse à utiliser. La série prend un peu le temps de nous montrer ce que cela lui coûte, elle qui pourrait mettre à genoux un escadron entier de policiers avec ces simples mots : “I heard a rumor…”. Pour ne rien arranger, elle et le reste de sa famille dysfonctionnelle sont traqués par des triplés suédois et mutins à la solde de la Commission temporelle. Mention spéciale à Kate Walsh, qui campe avec une malice jouissive la cruelle et ambitieuse Gestionnaire (The Handler, en VO).

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Vanya va elle aussi sentir le poids de tout une époque peser sur ses épaules. La différence, c’est qu’elle n’a aucun souvenir de son passé, ni la moindre idée de ses super pouvoirs. Renversée par une voiture juste après son saut dans le temps, elle est amnésique. On la retrouve des mois après, recueillie par Sissy, celle qui l’a percutée et auprès de laquelle elle va connaître une vie simple à la campagne et découvrir l’amour. La saison 1 avait bien mis l’accent sur le vilain petit canard de la famille Hargreeves, en démontrant que c’était cette aliénation et les humiliations constantes d’un père abusif qui avaient fait d’elle une bombe à retardement. Tant et si bien que lorsqu’il a fallu l’arrêter, les paroles réconfortantes de ses frères et de sa sœur pouvaient manquer de sincérité : était-ce pour la convaincre qu’elle était effectivement aimée ou pour la calmer, afin qu’elle ne détruise pas le monde ? Cette fois-ci, et même si Vanya est encore la suspecte numéro 1 pour l’apocalypse imminente, la donne est sensiblement différente. Désormais, elle sait qu’elle peut être aimée (même si cet amour est presque impossible).

Si The Umbrella Academy ne manque pas de cœur, sa première saison n’avait pas totalement convaincu sur ce plan. La seconde, en permettant à ses héros et héroïnes d’exister séparément les un·e·s des autres et indépendamment de leur mission, nous plonge avec générosité dans les états d’âme de ces personnes finalement très ordinaires (si l’on fait fi de leur destinée exceptionnelle). Luther, qui fait la taille d’une armoire à glace, est toujours incapable de s’opposer à son père ; Diego, qui se rêve en justicier solitaire a besoin de se sentir valorisé et de recevoir une bonne dose d’affection (il était d’ailleurs très proche de sa “mère” androïde avant la destruction de l’académie) ; Klaus, devenu le gourou d’une secte hippie où tout n’est qu’amour (ad nauseam) ne s’est jamais remis de la mort de son amoureux au Vietnam et entretient une relation conflictuelle, mais complice, avec le fantôme de son frère Ben ; Vanya, manipulée par les deux hommes de sa vie (son père, puis Leonard en saison 1), a désespérément besoin d’une vie ordinaire… Bref, pour le dire d’une façon que ne renierait pas la chanteuse Lorie : ils et elles ont tou·te·s besoin d’amour !

Les “daddy issues”, un problème parmi d’autres auxquels sont confronté·e·s nos héros et héroïnes, sont finalement assez peu abordées cette saison ou alors de façon expéditive. Il était temps pour nos personnages d’exister hors de l’ombre imposante de leur paternel qui, paradoxalement, est très présent cette fois-ci. Il n’y a plus qu’à espérer que la prochaine saison (si saison 3 il y a) saura prendre davantage de risques, en sortant de la formule narrative qu’elle a déjà éprouvée par deux fois (la menace d’une apocalypse, Vanya qui s’isole du groupe, le numéro de danse, etc.). Le season finale, qui ouvre la voie vers un reboot de la timeline, promet en tout cas une redistribution des cartes intéressante.

La saison 2 de The Umbrella Academy est disponible sur Netflix.