Et c’est un peu ballot pour une sitcom.
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Dans un monde de séries saturé en shows de super-héros redoublant de muscles (big up à toi Arrow) et aux thématiques sombres et réalistes (cassedédi à vous Daredevil, Jessica Jones et Luke Cage), NBC et Warner Bros. enfilent leur propre cape avec le format de la sitcom.
Powerless est une comédie se passant dans l’univers de DC Comics, où les gentils et les vilains s’affrontent au quotidien, provoquant constamment des dommages collatéraux affectant les civils. Pour protéger les innocents, les membres de Wayne Security (une filiale du conglomérat Wayne Enterprises de Bruce Wayne), sont chargés d’inventer toutes sortes d’objets pour venir en aide aux citoyens.
C’est dans ce contexte qu’Emily Locke (Vanessa Hudgens) débarque à Charm City, pour diriger une équipe d’ingénieurs de Wayne Security et lui insuffler un vent frais de créativité. Le groupe est en effet à la dérive et n’a rien conçu depuis un remède au venin du Joker qui provoque la mort par l’hilarité. Quant au patron de la boîte, Van Wayne (Alan Tudyk), il ne pense qu’à une seule chose : piloter une grande compagnie de Gotham City et marcher sur les pas de son milliardaire de cousin. Pour relancer la créativité de la société, Emily va devoir se battre contre la stupidité de son boss et la totale perte de motivation de ses troupes.
Humour méta et méta-humains
Le pilote de Powerless débute sur une étonnante séquence, au cours de laquelle le métro de Charm City déraille pendant un combat entre deux super-héros. Tandis qu’Emily, en provenance de “Ploucville”, trouve cet accident inhabituel et impressionnant, les habitants de la métropole ne bougent même pas le petit doigt de leur téléphone – alors qu’un wagon s’écrase quelques mètres plus loin sans faire de mal, grâce à l’intervention d’un justicier.
On sourit timidement à la vue de cette indifférence générale et des mimiques béates de Vanessa Hudgens. Mais la faiblesse de Powerless se remarque dès les premières minutes : aucune blague ne fait vraiment mouche pour nous décrocher un rire franc. Pire, les spectateurs qui ne sont pas familiers avec l’univers DC Comics risquent de rapidement tirer la gueule et de passer leur chemin.
Comme on pouvait s’y attendre, Powerless fait la part belle aux références aux comics de l’écurie DC. Les noms de Superman, Batman ou Green Lantern sont prononcés à la pelle et les personnages leur font régulièrement des clins d’œil. Ces derniers évoquent ainsi la sottise générale typique qui frappe l’entourage des super-héros – comme le fait que les membres du Daily Planet ne remarquent même pas que Clark Kent est Superman une fois qu’il a enfilé ses lunettes et décoiffé ses cheveux. Malheureusement, ces vannes “Easter eggs” s’adressent seulement aux puristes. Au final, les idées les plus drôles des scénaristes de la série concernent surtout les gadgets déjantés que Wayne Security essaye de fabriquer ou de dérober à la concurrence.
Du côté des acteurs, tout le monde maîtrise sa partition. Vanessa Hudgens est parfaite en jeune entrepreneuse cruche et complètement naïve, Danny Pudy fait du Abed comme dans Community (sans jamais vraiment se renouveler) et Alan Tudyk (Firefly)joue le patron débile et égocentrique comme personne.
Pourtant, la sauce ne prend jamais vraiment et même les punchlines grand public (“Avant c’était une entreprise de couches-culottes”) nous font esquisser au maximum un léger sourire. On est encore loin d’un groupe haut en couleur comme celui des colocs de New Girl ou de celui des geeks de The Big Bang Theory. Dans leur univers coloré, dynamique et bourré de références aux comics, les scénaristes ont finalement oublié de rajouter de vraies bonnes blagues pour que les spectateurs adhèrent au concept dès le premier épisode.
Heureusement, tout n’est pas à jeter dans l’humour de Powerless et certains dialogues sont complètement méta. Même si la série prend place dans un monde où les super-pouvoirs et les super-héros existent, le show renvoie régulièrement à notre réalité et à notre époque. C’est le cas lorsque Lex Luthor, le pire ennemi de Superman et nouveau président des États-Unis, se fait traîner dans la boue par les médias. Le slogan de sa campagne ? “Make Metropolis Super Again“. Tiens, cela n’évoquerait pas le slogan de campagne d’une moumoute sur pattes devenue président et qui signe des décrets à tire-larigot ?
La saison 1 de Powerless a encore neuf épisodes pour prouver sa valeur, mettre en place des running-gags efficaces et créer une belle harmonie entre tous ses acteurs appliqués. Il lui manque un petit grain de folie pour en faire une sitcom de bureau moderne et originale, qui peut puiser dans un univers exponentiel et rarement exploité de cette manière sur le petit écran. En se lâchant un peu plus, les scénaristes de la série devraient pouvoir surpasser cette kryptonite de la mauvaise blague et enfiler un véritable masque de clown.
La saison 1 de Powerless est diffusée tous les jeudis sur NBC et reste inédite en France pour le moment.