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Quuuuuuoi, les statues grecques n’étaient pas blanches à l’origine ?

Quuuuuuoi, les statues grecques n’étaient pas blanches à l’origine ?

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© DeAgostini/Getty Images

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Par Lise Lanot

Publié le

On le sait depuis longtemps mais, apparemment, on refuse d’y croire.

On en apprend tous les jours sur l’Internet mondial et, aujourd’hui, nous avons décidé de nous pencher sur un fait, certes, connu depuis le XVIIIe siècle mais qu’on a du mal à intégrer : eh oui, les statues antiques n’étaient pas toutes blanches, elles étaient même majoritairement colorées.

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À l’été 2022 encore, une exposition organisée au Met new-yorkais présentait des reconstitutions de sculptures et statues antiques telles qu’elles avaient été réalisées à l’époque, d’après les études et analyses de spécialistes.

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Vinzenz et Ulrike Koch-Brinkmann notamment, y présentaient leurs trouvailles et réalisations. Le couple d’archéologues se passionne pour la couleur dans l’art antique grec depuis les années 1980, à une époque où aucun·e de leur collègue académique “ne s’intéressait au sujet”, retrace le duo auprès du musée new-yorkais.

Si personne ne s’intéressait au sujet, ce dernier était tout de même connu. Dans une vidéo consacrée au sujet, la youtubeuse Charlie Danger explique que c’est au XVIIIe siècle que certains esprits ont commencé à s’interroger sur les traces colorées parfois visibles sur les statues grecques.

Au XIXe siècle, “les premières tentatives pour restituer ces couleurs dans leur ensemble ont eu lieu”. Cependant, habitués à la blancheur des statues délestées de leurs couleurs par le temps, les regards contemporains ne se sont jamais vraiment satisfaits de cette polychromie.

De plus, Charlie Danger note que nos regards actuels ont sans doute été façonnés par les créations datant de la Renaissance qui étaient toutes blanches, afin de trancher avec les couleurs plutôt criardes du Moyen Âge.

L’histoire (de l’art) en question

Les travaux de reconstitution des couleurs donnent parfois lieu à quelques erreurs et on ne peut affirmer que les teintes étaient exactement celles-ci mais, tout de même, “la couleur est absolument nécessaire”, insiste Vinzenz Brinkmann. Nécessaire d’un point de vue de véracité esthétique et artistique mais, aussi, évidemment, sociale.

“Pour certains, cela fera un choc, c’est certain. Mais on doit comprendre que notre idée actuelle whitewashée de l’Antiquité grecque et romaine n’est pas bonne. Elle est fausse”, poursuit Max Hollein, directeur du Met, auprès de NPR.

L’historien de l’art soulève un point important : conserver dans l’imaginaire collectif l’image de ces statues blanches tend à imaginer les peuples grecs et romains comme des personnes à la peau blanche. Pourtant, ce n’était pas forcément le cas et ne présenter que des statues antiques décolorées contribue à faire vivre une vision quelque peu déformée de l’histoire.

Même si les statues antiques ne mettaient pas forcément en avant les diversités de couleur de peau, on ne peut mettre de côté les conséquences contemporaines que peuvent faire émerger le fait de ne mettre en avant que des statues blanchies.

La même question se pose dans d’autres pans de l’histoire de l’art, concernant les représentations de Jésus Christ par exemple, majoritairement montré comme un homme blanc, alors qu’il était Palestinien.

Reconstitution d’un sphinx exposé au Met. (© Metropolitan Museum of Art, New York)