De l’agent de sécurité à l’attachée de presse, en passant par le photographe et l’homme politique, l’équipe de Konbini a rencontré des profils divers et variés lors de ses pérégrinations à Rock En Seine 2013. Ils s’assurent, chacun à sa manière, du bon déroulement de cette édition 2013. Quel est leur rôle ? Réponses ci-dessous.
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Chaque année, Rock en Seine fédère près de 100 000 personnes venues de Paris, de France et de l’étranger. Et chaque année, ce sont plus de 50 concerts et des têtes d’affiche imposantes qui occupent l’espace du Parc de Saint-Cloud, de SOAD à Phoenix en passant par Nine Inch Nails pour cette édition 2013.
Mais au-delà des spectateurs, quelles sont les personnes qui font, assurent et couvrent le festival ? Au hasard des trois jours, on a croisé Jean-Paul Huchon, la Croix Rouge ou les New Yorkais de MS MR.
- Marielle, de la Croix Rouge
16 heures pétantes. Chance The Rapper vient de conclure son set hip-hop. On se dirige vers la Croix Rouge avec l’espoir d’interroger une – parmi les 100 – petite main du service de secours. Pas de bol, on nous conduit vers des responsables, ceux du “PC”. Parmi eux, Murielle, 55 ans dont 25 au service de l’association et 11 à Rock en Seine.
Quand on lui parle du “son” du festival elle nous répond :
J’allais dire bruyant mais c’est peut-être dû à mon âge. Et si je vous dis que je ne connais pas un seul groupe, je vais me faire taper dessus ? Car même si j’ai cinq enfants, je n’ai pas été conseillée. Ce qui ne m’aide pas, c’est que j’utilise un gros casque pour protéger mes oreilles.
Au cours des concerts, tout se passe bien dans l’ensemble avec “assez peu de problèmes, comme les abus d’alcool” explique t-elle : “le mélange de publics apaise les instincts”. Pour ce qui est des anecdotes, la référence à l’ex-groupe Oasis, séparé une heure avant leur concert à Rock en Seine voilà quatre ans, fuse : “il se passe toujours quelque chose. Là, c’est l’équipe médicale qui a été appelée à cause des frères [Gallagher] qui se foutaient sur la gueule”. On n’en saura pas plus, “secret médical” oblige.
- Nina, à la communication d’Ephelide :
Nina. Quatre lettres pour un petit bout de femme survitaminée dont le boulot consiste à être au centre (névralgique) de Rock en Seine depuis cinq ans. Plannings, calendriers, horaires, interviews, journalistes : cette attachée de presse de l’agence Ephelide – en charge de la communication du festival, connaît son vocabulaire sur le bout des doigts :
On arrive à 9h30 pour jeter un coup d’oeil aux plannings et regarder s’ils n’ont pas bougé. On rappelle tous les médias un par un pour leur rappeler leurs entretiens. L’accueil permet de savoir si tout le monde est bien venu et si les pass ont bien été délivrés.
Deux autres pôles s’occupent des photographes et de la vidéo. Au quotidien, “ça s’enchaîne”. De 9h30 à 1 heure du matin, Nina doit être partout : “On sait qu’on n’est pas là pour dormir. Pendant trois jours, tu ne sens pas la fatigue”.
Le plus intéressant ? Son rôle d’attachée de presse, “un boulot pas forcément reconnu“, trouve ici des projecteurs lors du festival. “Tu sens que tu es important”, précise t-elle.
Pour conclure, Nina nous résume son boulot en trois mots : “Anticipation, excitation et valorisation”. Trois mots ponctués par : “A la fin du festival, tu prends dix ans. Et surtout, tu as le blues”.
- Xavier Reim de Radio France
Xavier Reim a 23 ans. Réalisateur vidéo “plutôt dans la musique”, il est arrivé à Radio France “d’une manière particulière”.
Je suis allé toquer aux Mouv’ en leur demandant s’ils avaient besoin de vidéos. J’ai été pris en stage. Mais comme Radio France est une radio et ne fait pas de vidéos, ils ne m’ont pas embauché. J’ai donc créé ma boite pour leur faire des prestations. J’ai commencé à travailler avec eux sur les festivals : des reportages, des modules de teasers, des sessions acoustiques, etc.
Il bosse aussi pour des labels, des tourneurs, réalise des clips et fait aussi de la publicité car “le milieu de la musique, ça ne paye pas assez”. Sur les trois jours de Rock en Seine, Xavier filme le travail des équipes de Radio France. En fonction des évènements que couvre la radio, il tourne pour montrer les coulisses de l’antenne. Ici, il s’agit d’un carnet de bord qui concentre les activités à la fois des concerts et des festivaliers.
Selon lui, le festival Rock en Seine, disposé à la fin du mois d’août, ressemble à s’y méprendre à une rentrée des classes :
Tout le monde est bien habillé pour serrer des mains. On s’est quitté pendant deux mois et on tous heureux de se retrouver pour faire la fête.
- Stephane, 39 ans, Squad Sécurité
Ce dimanche, il a plu. Sur le côté de la scène Pression Live, il y a Stéphane. K-way noir sur les épaules, bras croisés, il est assis sur une petite chaise rouge, adossé à une barrière. Il attend patiemment que le public de Ms Mr occupe l’espace de la fosse.
Depuis dix ans qu’il travaille dans la sécurité, dont cinq auprès d’artistes dans une salle de concert francilienne, c’est son premier festival rock. Avec l’entreprise Squad, il sécurise à Rock en Seine “les scènes, les fronts de scènes et les côtés de scènes des réactions du public. On protège aussi le public au cas où on doive évacuer des spectateurs et on s’occupe des personnes non accréditées qui auraient des objectifs un peu trop gros”.
À Rock en Seine, il n’a pas d’histoires, pas de soucis à évoquer. Stéphane doit remonter à la dernière fête de la musique pour se souvenir : “il y avait des débordements, beaucoup de débordements”. Côté découverte, c’est pas trop ça : “Les 3/4 des chanteurs je les ai déjà vus dans la salle pour laquelle je travaille”. Un coup de cœur pour un artiste ? “Non. Là-dessus, non. Un chanteur c’est un chanteur. Et puis on n’est pas là pour le plaisir, on doit se concentrer”.
- MS MR :
Lizzie et Max sont aux manettes de Ms Mr, un petit groupe américain originaire de Brooklyn. Rendez-vous pris pour un court entretien. Il est 18 heures 30. Une demi-heure plus tôt, la formation (ils sont quatre sur scène) jouait devant le public de Rock en Seine. Première réaction ? “C’était génial”. Lizzie, cheveux verts de sortie, précise :
Paris a la réputation d’être une ville comme New York ou Londres : quand on est venu pour la première fois [en juillet dernier à la Maroquinerie], on croyait que le public allait être un peu froid. Ça n’a pas été le cas.
Et Max de poursuivre :
À Rock en Seine, la moitié de l’audience semblait nous connaître déjà, l’autre nous découvrait, ils étaient curieux. Tous étaient engagés. C’est le principe des festivals : on est face à un public qui n’est pas seulement composé de fans. À Leeds, il a suffi que la pluie se mette à tomber 20 minutes avant le show pour que les spectateurs restent sous les tentes.
- MS MR (Crédits : Louis Lepron)
Max et Lizzie n’ont pas apprécié Rock en Seine seulement sur l’autel du lieu, “agréable“, mais aussi parce qu’il pleuvait pendant leur set : selon eux, ça collait parfaitement avec l’ambiance sombre de leur premier album Secondhand Rapture.
- Andrey Kalinovsky, 23 ans, photographe
Andrey Kalinovsky a 23 ans. Cela fait trois ans qu’il prend des photos de concert, d’abord pour le webzine metal Pelecanus puis pour d’autres publications. A Rock En Seine, il représente le webzine Mowno. “J’ai eu de super photos pendant Tomahawk”. Quand on lui demande si c’est sur ce concert qu’il obtiendra ses meilleures photos, il confie “qu’avec un bon éclairage et un bon zoom, ça passe tout seul de toute façon…”.
Son matériel ? Un Canon 7D, avec un objectif 70-200 et quelques focales fixes qu’on lui a prêtées, notamment pour la nuit. Andrey, à l’instar des photographes presse présents sur le festival, n’a que deux ou trois chansons pour shooter chaque artiste. “C’est quelque chose d’habituel en festival”.
L’ambiance au niveau des “crash barrières“ ?
Ça va. C’est pas du tout l’usine comme au Hellfest où il y a beaucoup plus de photographes. On est une cinquantaine maximum, on ne se marche pas trop dessus.
Andrey est un habitué du public metal. Il avoue éprouver moins de plaisir à shooter les festivaliers de Rock En Seine :
Au premier rang du Hellfest, quand tu te retournes pour prendre des photos de la fosse, il y a des gens déguisés, une atmosphère de fête. Ici le public est plus guindé, il ne délire pas. C’est beaucoup trop sérieux… hipster, quoi.
Jean-Paul Huchon, Président du conseil régional d’Île de France
Au hasard du carré VIP, on a aussi rencontré Jean-Paul Huchon. En toute simplicité, une bière à la main, il raconte être venu le samedi “pour Phoenix et Patrice” et le dimanche “pour Skip The Use et surtout System Of A Down”. (Ndlr -Dis-donc Jean-Paul !).
”Phoenix, il y avait 40.000 personnes, c’était mortel, c’était dingue”, s’extasie-t-il. À la tête de la région depuis 1998, Jean-Paul Huchon fait désormais presque partie des murs : “Ça fait onze ans que je viens, c’est aussi un peu grâce à nous que Rock En Seine existe : on en est le principal sponsor. On est très fier que ce soit devenu un des grands festivals mondiaux. Ça marche encore mieux cette année que les éditions où il y avait des têtes d’affiche aussi cultes que Radiohead ou encore Björk : le public fait confiance à une certaine qualité de programmation. Et il y a aussi une ambiance qui est géniale”.
En véritable rockeur, l’homme politique devise calmement sur la séparation d’Oasis quelques années plus tôt (“sur le moment, on n’était pas fiérots, hein…”) ou de la météo lors de la Fête de l’Huma. “Ça fait des années que je suis un fan de rock : j’étais un des premiers lecteurs de Rock & Folk et j’étais abonné à Actuel…”.Ses premiers émois ? “J’ai appris le rock à l’ENA. Avec un copain, le matin on révisait nos examens et l’après-midi on allait dans une maison à la campagne où on passait à fond la caisse King Crimson, Black Sabbath, etc. J’écoute d’autres musiques mais plutôt celle-là”.
D’ailleurs, dans le milieu politique, il ne serait pas le seul :
Robert Hue vient souvent aux Francofolies de la Rochelle. Je crois aussi qu’il y a Raffarin. Lui il préfère le rock à la Johnny Halliday, les Chats Sauvages, ce genre de choses. Moi je préfère la pop : j’étais au festival de l’Île de Wight en 1970, où j’ai vu Jimi Hendrix.
Loin de vivre dans le passé, Jean-Paul Huchon sait aussi se tenir à la page : “Pour moi, Archive est un des groupes les plus intéressants”. On a laissé l’homme politique s’abreuver de musique, un gobelet de bière pression à la main et le k-way sur le dos, tel un festivalier tout ce qu’il y a de plus normal.
Christophe Davy, programmateur, co-producteur et co-fondateur de Rock En Seine
Christophe Davy pouponne son Rock en Seine côté programmation depuis 2003, année de sa fondation. Avec tout ce que les éditions différentes ont pu avoir de bon, comme de moins bon.
L’histoire d’Amy Winehouse [qui a annulé par deux fois sa prestation au domaine de Saint-Cloud avant de décéder, ndlr], c’est un peu triste. Ce qui l’est moins, c’est l’histoire d’Oasis. À moins qu’ils ne se reforment, on se souviendra toujours de l’endroit où les frères Gallagher se sont séparés. Ça nous a fait une pub mondiale.
Mais comment gérer un tel événement ? Christophe Davy nous fait partager l’atmosphère de panique qui a régné l’espace de quelques instants :
J’ai couru pour rattraper Jack White avant qu’il ne monte sur scène avec son groupe The Raconteurs. Je lui ai demandé de faire un full set au lieu de jouer 45 minutes comme il était convenu, c’est à dire qu’ils rallongent jusqu’à 1h10 de show. Il était au pied de l’escalier, il s’est retourné vers ses musiciens et leur a dit “Guys, full set !” avant de monter sur scène. Les techniciens paniquaient : ce n’était plus la même set list. Jack White a été hyper classe ce jour-là. Madness a rejoué dans la journée, aussi.
Cette histoire fait partie des anecdotes qui feront date dans l’histoire du festival. Et comme il le martèle, concernant la séparation surprise des rivaux historiques de Blur,“en festival, ce genre d’histoire, ça n’arrive jamais. Jamais”.Mais de quels artistes programmés Christophe Davy est-il le plus fier ?
On peut surtout remarquer Massive Attack et Beck qui nous ont fait confiance la première année alors que le nom n’existait pas encore. C’étaient deux gros artistes et même s’ils avaient d’autres festivals à faire, ils nous ont choisi nous. Ils sont d’ailleurs revenus : on aime l’idée d’accompagner les groupes.
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