Un rapport de l’ONU identifiant la grande barrière de corail comme une destination dégradée par le tourisme a été modifié à la demande de l’Australie…
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Depuis plusieurs années, les experts environnementaux internationaux s’émeuvent du sort de la grande barrière de corail australienne, qui subit le plus grand épisode de blanchissement des coraux de toute son histoire, notamment à cause du réchauffement climatique. Si une partie des 90 % de coraux touchés devrait récupérer des couleurs, une autre devrait disparaître définitivement. Une catastrophe d’ampleur, bizarrement absente du dernier rapport des Nations unies sur l’impact du réchauffement climatique sur les grands lieux touristiques de la planète, publié le 26 mai dernier conjointement par l’Unesco et l’ONG américaine Union of Concerned Scientists, qui énumère pourtant 31 sites menacés dans 29 pays. Point d’erreur d’analyse dans cet “oubli”, mais une demande expresse du gouvernement australien.
Selon le Guardian australien, le chapitre consacré au plus grand récif corallien de la planète et à deux autres sites naturels touristiques du pays, les forêts de Tasmanie et le parc national de Kakadu, a mystérieusement disparue entre la première ébauche du rapport et sa version définitive… sur demande expresse du ministère de l’Environnement australien. Qui, après les révélations, n’a pas tardé à se justifier via un communiqué tout en assumant pleinement sa requête de censure, assurant qu’il n’était “pas favorable au fait que des sites classés au patrimoine australien” apparaissent dans le rapport.
Un impact négatif sur le tourisme ?
Premier argument invoqué par les pouvoirs publics : la “confusion” qu’aurait entraînée le titre initial du rapport, “Destinations à risques : Héritage mondial et tourisme dans un climat changeant” . Depuis, celui-ci a été amputé de la mention “à risques”. Selon le gouvernement, les Nations unies s’étaient engagées, l’année dernière, à ne pas placer la grande barrière de corail sur cette liste noire des trésors naturels en danger. Une aberration (et une belle réussite en terme de lobbying), selon le Guardian, puisque les experts internationaux et australiens s’accordent à dire que le récif iconique est bel et bien en danger de mort.
Second argument avancé par le gouvernement : le rapport et ses “commentaires négatifs” risqueraient d’avoir “un impact sur le tourisme”. Dans la version initiale du texte, consultée par le Guardian australien, il est précisé que l’activité touristique autour du récif génère 64 000 emplois et a rapporté, rien qu’en 2012, plus de 5 milliards de dollars (3,5 milliards d’euros). Il est également rappelé qu’un tiers du récif a déjà disparu ces trois dernières décennies. De là à préconiser une régulation du tourisme, il n’y a qu’un pas, que le rapport ne franchit néanmoins pas. Cependant, la simple insinuation que la lucrative activité touristique pouvait nuire à la structure était apparemment insoutenable pour le ministère de l’Environnement, qui a donc commandité une petite opération de censure. Sans en informer le ministre, précise-t-on.