Ça c’était de la poupée de qualité.
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Barbie ne cesse de diversifier la production de poupées et d’en créer de nouvelles qui ressemblent plus à des vraies femmes. De leur côté, des fans insatisfaites créent leur propres versions de la Barbie, que ce soit Barbie grande taille, Barbie avec un hijab ou Barbie “normale“. Mais une question reste : qu’en est t-il de la communauté LGBT ?
Il y a bien sûr la Barbie non-genrée de Moschino, mais l’aspect non-genré était plus un atout marketing qu’une véritable conception différente du jouet. On dirait qu’aujourd’hui encore, la communauté fait partie des oubliés du secteur du jouet. Ça n’a pourtant pas toujours été le cas.
En 1977 sortait Gay Bob, la première poupée gay produite en masse.
Oui, c’est son vrai nom et oui, le créateur de Bob, Harvey Rosenberg se le représentait comme 100 % gay. C’est Gizmo Department, son entreprise, qui a commercialisé la poupée. Interviewé par le Gadsen Times en 1978, Rosenberg décrit la poupée comme un mélange entre Paul Newman et Robert Redford.
La poupée, haute de 33 centimètre, porte une chemise de flanelle, un jean moulant et des boots de cowboy. Il était livré dans une boîte en forme de placard, afin de pouvoir le faire “sortir du placard”.
Parmi les autres humhum… atouts de Bob, son pénis assez imposant, ce qui n’a pas été sans créer de polémique.
Dans la boîte, on trouvait aussi un catalogue de mode pour poupées, si on voulait changer son accoutrement. Le catalogue contenait également ce message, très en avance sur son temps.
“Bonjour les garçons, les filles et les adultes… Je suis Bob, la première poupée gay au monde.
Vous vous demandez sûrement pourquoi j’arrive dans un placard. ‘Sortir du placard’ est une expression qui signifie que l’on accepte d’être comme on est et qu’on arrête d’avoir honte de son identité.
Les gays emploient cette expression pour expliquer qu’ils n’ont plus peur ou plus honte d’être gay et qu’ils n’ont plus à cacher ce fait.
Les gays ne sont pas différents des hétéros. Si chacun sortait de son placard, il y aurait moins de gens énervés, frustrés et effrayés.
Ceux qui n’ont pas honte d’être comme ils sont sont plus aimables, plus doux et plus compréhensifs. Il n’est pas facile d’être honnête sur son identité. Il faut beaucoup de courage, mais souvenez-vous : si Gay Bob peut sortir du placard, vous aussi vous le pouvez.”
La réaction publique a été marquée par la controverse. D’autant plus que dans les années 1970, être gay était encore tabou.
Ann Landers, une éditorialiste du Chicago Sun-Times de l’époque avait écrit qu’accepter une telle poupée pouvait amener à la prolifération d’autres poupées “dégoûtantes” comme “Priscila la prostituée”, ou “Danny le Dealer”. Le magazine Esquire lui a même remis le “Dubious Achievement Award” en 1977, un prix qui “récompense le mensonge, la médiocrité et l’idiotie”.
Gay Bob avait clairement une longueur d’avance sur son époque. Mais au lieu d’être célébré comme une représentation LGBT, on l’a critiqué et on s’est moqué de lui. C’est aussi ainsi que beaucoup de membres de la communauté l’ont vécu dans les années 1970.
Même si tout ne s’est pas bien passé pour Bob, il a inspiré d’autres poupées comme Rhogit-Rhogit, Zhdrick & Tiimky, Billy, Carlos & Tyson, et Earring Magic Ken, une version de Ken avec des piercings.
Malheureusement, on ne trouve plus Gay Bob sur le marché, sauf d’occasion.