Selon la mannequin britannique, un “Vogue Afrique” est nécessaire pour mettre en valeur la contribution du continent africain à l’industrie de la mode.
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Lors d’une récente visite au Nigeria, Naomi Campbell a soumis une idée au groupe Condé Nast, éditeur des magazines Vogue. La top model appelle ainsi à créer une édition africaine du magazine, afin de mettre en valeur la contribution de ce continent à l’industrie internationale de la mode, qui est régulièrement critiquée pour son manque de diversité.
Depuis plusieurs mois, on constate une réelle progression de la représentativité dans le monde de la mode. Une étude a confirmé une augmentation du nombre de mannequins de couleur sur les podiums lors de la saison automne-hiver 2018.
Cette avancée transparaît également dans la presse spécialisée, à commencer par le magazine Vogue, véritable bible internationale de la fashion sphère, qui a nommé Edward Enninful à la tête de son édition britannique il y a un an. Si l’on peut se féliciter de voir un homme d’origine africaine devenir rédacteur en chef d’un tel média pour la première fois, il n’a pour autant jamais été question que le magazine lance une édition en Afrique, malgré le fait que les créations émanant du continent aient suscitées énormément d’intérêt ces derniers mois.
En visite au Nigeria le week-end dernier, la célèbre mannequin britannique Naomi Campbell a donc déclaré à l’agence de presse Reuters :
“Il devrait y avoir un Vogue Afrique. Vogue Arabia vient de sortir, et c’est la prochaine étape. Il le faut. L’Afrique n’a jamais eu l’opportunité d’être mise en avant et de voir ses textiles et ses modèles être acceptés sur cette plateforme internationale… Il devrait en être autrement.”
Conde Nast n’a fait aucun commentaire sur le sujet pour le moment. Actuellement, le groupe publie près de 30 différentes éditions de Vogue, de la Bulgarie à la Thaïlande, en passant par la République tchèque, la Roumanie et, bien sûr, les États-Unis et la France.
Cependant, aussi louable que l’idée de Naomi Campbell soit, on ne peut s’empêcher d’émettre une petite réserve. Il n’existe pas de “Vogue Europe”, ou de “Vogue Asie”, par exemple. Créer un “Vogue Afrique” reviendrait à mettre tous les pays de ce vaste continent dans le même sac, comme l’ont souligné plusieurs utilisateurs de Twitter.
I think Vogue Africa is an interesting idea. But which other Vogue represents an entire continent? There are so many countries, cultures and languages in Africa. Who and what would be considered "African"?
— Didintle Ntshudisane (@DidintleN) 4 avril 2018
Traduction : “Je pense que Vogue Afrique est une idée intéressante. Mais quel autre Vogue représente tout un continent ? Il y a tellement de pays, de cultures et de langues en Afrique. Qui et quoi pourrait-on considérer comme ‘africain’ ?”
L’idée mérite d’être affinée, mais elle n’est pas à jeter. Alors que certains Occidentaux originaires d’Afrique perpétuent dans leur travail des clichés sur l’Afrique qui n’ont plus lieu d’être, une édition de Vogue dans un pays d’Afrique (ou plusieurs) serait la bienvenue. Elle permettrait aux stylistes et aux acteurs du monde la mode de se réapproprier leur image, leur fournirait une vitrine pour présenter leurs créations, et dynamiserait le secteur.
Traduit de l’anglais par Sophie Janinet