Depuis le début de l’année, le selfie a déjà causé 20 morts

Depuis le début de l’année, le selfie a déjà causé 20 morts

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YOLOOOOO. Crédit: Flickr/Creative Commons

Alors que deux touristes sont morts, le même jour, au Pérou en tentant un selfie, le nombre d’accidents liés à la pratique augmente dangereusement.

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La semaine dernière, le dieu du selfie a accueilli dans l’au-delà deux nouvelles victimes sacrifiées sur son autel. Le premier, un Sud-Coréen de 28 ans, a chuté de presque 500 mètres en tentant d’obtenir le cliché parfait au bord de la cascade de Gocta, au Pérou. Coïncidence, le pays connaît une deuxième victime du selfie quelques heures plus tard, lorsque les sauveteurs remontent le corps inerte d’un touriste allemand de 51 ans, découvert au fond d’un ravin de 40 mètres dont les abords avaient le malheur d’offrir une vue imprenable sur le Machu Picchu. Deux victimes de plus sur la liste des “morts par selfie”, activité dont la dangerosité originelle toute relative semble désormais augmenter avec les années.

Depuis que les réseaux sociaux ont transformé nos vies en une lutte à mort pour l’admiration générale, prendre des photos originales est devenu une question de survie sous peine de retomber dans l’invisibilité uniformisée. Chez les 18-24 ans, rapportait le Telegraph, le selfie représente désormais 30 % des photos postées en ligne. L’autoportrait ne doit plus seulement être réussi, il doit être extraordinaire. Et qui dit extraordinaire dit de plus en plus risqué.

Des jeunes Russes qui se photographient suspendus par un bras en haut de grues (succès garanti sur Instagram, même si certains en meurent de temps en temps) aux aventuriers de la perche qui sourient gaiement à côté d’animaux sauvages (et, ce faisant, condamnent parfois la pauvre bête), le risky selfie devient tout doucement la norme, au point de causer en 2015 plus de morts que les attaques de requins  – une comparaison, il est vrai, sans grande logique, votre portable ayant peu de chance de vous bouffer vivant.

49 morts depuis 2014

Si les données sur les décès par selfie sont encore peu nombreuses, le site Priceonomics a néanmoins fourni un début d’analyse en début d’année en dénombrant 49 décès liés à la pratique depuis 2014. Il apparaît selon l’étude statistique que la mort par selfie intervient le plus souvent après une chute d’une hauteur importante (le fameux selfie de vacances produit à partir d’un point géographique dominant) ou par noyade (le moins fameux selfie en pleine mer ?), et que la majorité des victimes sont des jeunes… et des Indiens. Bien sûr, ce n’est pas la photo elle-même qui provoque la mort, mais bien le comportement à risque induit par la recherche du caractère sensationnel. Ce qui revient à analyser le selfie sous le même angle que l’état d’ivresse ou l’influence de stupéfiants, qui augmentent les risques de mourir d’une mort violente (et souvent évitable).

De son côté, The Independent avance, lui, le chiffre de 20 victimes depuis le début d’année, citant au passage cet Américain qui, en mars dernier, voulant prendre un selfie rigolo avec un pistolet chargé, a fini par se tirer une balle en pleine tête. Si le selfie est donc encore une cause totalement marginale de mort violente, il existe déjà une page Wikipédia à ce propos, des mouvements de sensibilisation, tel Selfie to Die For, et des campagnes de prévention, comme celles menées l’année dernière en Norvège et en Russie dans le but de rappeler aux gens que mourir pour des likes et des partages, ben, ça ne vaut globalement pas le coup. L’humanité arrivera-t-elle à le comprendre? Rien n’est moins sûr.