Scandalisé par le peu de couverture médiatique que les journaux accordent à l’attentat meurtrier de Bagdad, un Londonien a décidé de prendre les choses en mains pour rendre hommage aux victimes.
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Victimes de l’explosion d’un camion piégé, 213 personnes ont perdu la vie dans le quartier de Karrada, à Bagdad, le 3 juillet. C’est l’attentat le plus meurtrier en Irak depuis l’année 2007.
Nombreuses sont les voix qui se sont élevées pour reprocher aux médias occidentaux de n’avoir pas donné suffisamment d’écho à ce massacre. C’est le cas de Mustafa al-Najafi, un Londonien dont Libération raconte l’initiative courageuse. Résidant à Londres depuis une vingtaine d’années, cet Irakien entend donner une voix à l’horreur, quand bien même elle ne frappe ni Paris, ni Londres, ni Orlando.
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“Une fois de plus, la majorité des médias choisit d’ignorer l’attentat de Bagdad. Même si plus de 90 personnes ont été tuées [le bilan s’est alourdi par la suite, ndlr].”
Indigné du faible traitement que les journaux européens réservent à cet attentat tristement historique, il publie lui-même sur Twitter des photos et de courtes biographies des défunts. Elles ne sont pas sans rappeler “En mémoire”, la page de portraits consacrée par Le Monde aux victimes de l’attentat du 13 novembre 2015.
Pour regrouper ses hommages aux morts, dont certains étaient des gens qu’il connaissait personnellement, Mustafa al-Najafi a créé le hashtag #NotJustANumber. Extraits.
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Exaspéré, il déclare à Libération : “Nous sommes juste devenus des chiffres désormais. Nous sommes ceux qui nous battons en première ligne contre le terrorisme, or personne ne nous soutient.”
En France, une couverture jugée trop faible
En France aussi l’indignation monte. Fâchés de constater que les médias ont quasiment éludé l’attentat de Bagdad, de nombreux internautes l’ont fait remarquer. Le JT de France 2 de lundi soir n’a consacré qu’une quinzaine de secondes à la couverture du massacre – contre trois minutes, par exemple, pour la privatisation des aéroports de Nice et de Lyon ou encore un sujet portant sur la polémique sur les conditions de détention de Salah Abdeslam.
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Pure Médias indique que le 13 heures de France 2 de la veille a consacré à l’attentat 25 secondes sur des images en off, pendant que le 20 heures de Laurent Delahousse dimanche soir lui en réservait 30 secondes, avant un sujet sur l’armée américaine en Irak. Le site d’infos médias rappelle que le lendemain de la tuerie d’Orlando, 14 minutes étaient attribuées à cet attentat qui a coûté la vie à 49 personnes par David Pujadas dans son 20 heures. Hum, hum.
Françoise Laborde, ancienne présentatrice de France 2 et ex-membre du CSA jusqu’en 2015, s’est fendue d’un tweet scandalisé lancé à la face de son ancienne chaîne. Elle déplore ses choix de hiérarchisation de l’information :
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TF1 a accordé davantage d’espace à l’attentat de Bagdad, proposant un sujet dans le 20 heures de dimanche soir avec des témoignages, ainsi que dans le 13 heures du lundi.
Côté presse écrite française, l’info de la tuerie de Bagdad ne jaillit pas aux yeux des lecteurs. Seuls les principaux quotidiens généralistes, Libération, Le Monde et Le Figaro, lui ont consacré un petit bandeau en une ce 4 juillet. Elle est écrasée entre une imposante photographie de Michel Rocard, disparu ce week-end, et la victoire des Bleus sur l’Islande. Dans les autres journaux, pour connaître la nouvelle tragique, il fallait se reporter aux pages intérieures.
À l’étranger, de grands titres comme le New York Times, le Washington Post et USA Today aux États-Unis, le Frankfurter Allgemeine en Allemagne, e Financial Times en Grande-Bretagne sont autant de titres qui ont consacré une large part de leur une à cet attentat au bilan qui laisse sans voix.
“Je suis habitué”, terrible slogan
Un dessin du caricaturiste algérien Ali Dilem faisait son petit bonhomme de chemin sur la Toile, à partir d’hier soir. Et pour cause, il illustre à merveille le sentiment de nombreuses personnes : un homme, reposant dans une mare de sang, brandissant un écriteau sur lequel on peut lire “Je suis habitué”, façon “Je suis Charlie”.
Un rappel, en un dessin, de la profonde tristesse de voir les musulmans finir par s’habituer de ne pas faire les gros titres lorsque le terrorisme fauche leurs vies, fût-ce par centaines.
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