Voici quelques-unes des conséquences que le Brexit aura sur les jeunes Français, qu’ils se trouvent au Royaume-Uni pour un job, des études ou de simples vacances.
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Good bye ! Après 43 années sous l’égide de l’UE, le Royaume-Uni a décidé de quitter l’Europe des 28. Avec près de 52 % des suffrages, les électeurs favorables au Brexit ont fait pencher la balance de leur côté pour faire de leur nation la toute première à quitter l’Union européenne (hormis le cas un peu à part du Groenland).
Si David Cameron laissera, d’ici trois mois, le soin à son successeur d’acter la sortie de l’Union, certaines conséquences pour les Britanniques sont immédiates. Right now, démission du Premier ministre, chute de la livre sterling, probable fin de l’assurance maladie pour les anglais expatriés, etc. En miroir, que change le départ des Britanniques de l’UE pour les Français ?
Tout d’abord, le Royaume-Uni ne quitte pas brusquement l’Union : le processus de l’article 50 du traité de Lisbonne, qui officialise le divorce, sera long de plusieurs années – les experts prédisent environ cinq ans. Mais des choses pourraient changer pour les 300 000 Français résidant sur le sol britannique.
Pour les travailleurs expatriés
Même dans l’Union européenne, le Royaume-Uni ne faisait pas partie de la zone Schengen et pour pénétrer sur son territoire, tous les citoyens européens, travailleurs expatriés inclus, devaient présenter un document d’identité. Or libre circulation et libre installation pourraient être remis en cause et nécessiter – une fois le Brexit effectif, encore une fois – autorisations, permis et visas.
En fait, pour le moment, nous sommes dans l’expectative : les conditions de travail pour les travailleurs expatriés dépendront des nouveaux accords que le Royaume-Uni signera avec l’Union européenne et avec chaque pays européen. Or le pays pourrait s’aligner sur les conditions de résidence des pays hors UE : pour habiter plus de six mois au Royaume-Uni, il faudra faire la demande d’obtention d’une carte de résidence, qui a une validité de cinq ans – et à l’issue de laquelle on peut demander une carte de résident permanent.
Pour l’instant, Wait and see.
Pour les étudiants
Vous faites partie des quelque 4 500 étudiants français au Royaume-Uni, première destination Erasmus pour nos concitoyens (devant l’Espagne, caramba !) ? Pas de panique : rien ne change pour la rentrée 2016. Mais à terme, nul doute que si.
Pour commencer, il s’agira de négocier de nouveaux accords concernant les bourses de mobilité des étudiants (qui s’élèvent à 400 euros par mois), aide financière importante aux expatriés, puisque ceux de l’Union ne s’appliqueront plus. D’après L’Étudiant, Londres pourrait néanmoins appliquer “un statut spécial”, comme c’est le cas avec la Norvège et la Suisse, deux pays non-membres.
Ce n’est pas encore certain, mais les étudiants français devront peut-être décrocher un visa pour se former dans la patrie de Cambridge. Par ailleurs, les frais de scolarité anglais devraient s’appliquer, et non plus ceux de l’Union européenne. Or les tarifs pratiqués par les universités britanniques sont chers, très chers : en 2015, le Royaume-Uni est arrivé en tête des pays où les frais de scolarité moyens sont les plus élevés dans les universités publiques, comme nous le rappelle Le Figaro.
Mais il n’y a pas que le prix de vos études qui pourrait vous faire grimacer. Avec sa sortie de l’UE, le Royaume-Uni remet en cause la validité des ECTS, le système de points qui facilite la lecture de compétences entre les pays de l’Union et de l’Association européenne de libre-échange (l’AELE : Islande, Lichtenstein, Norvège, Suisse). Aussi, comme le note L’Etudiant, la reconnaissance automatique des diplômes, effective dans l’Europe des 28, pourrait ne plus s’appliquer.
Mais de nombreuses voix se veulent rassurantes, d’un côté de la Manche comme de l’autre. Chez nous, Frank Bournois, directeur de l’école ESCP Europe, interrogé par le journal spécialisé dans la formation, estime que ces scénarios appliqués à la lettre ont peu de chances d’aboutir, tablant sur des négociations en bonne intelligence entre UE et RU :
“La Grande-Bretagne signera des accords bilatéraux avec les États membres de l’Union afin de maintenir des frais de scolarité préférentiels et des conditions d’accès facilitées en termes de visas. Le pays n’a pas les moyens de se priver de ces milliers d’étudiants internationaux !”
Néanmoins, le Brexit pourrait avoir un avantage pour le portefeuille des Français qui se rendent au Royaume-Uni (et qui ne sont pas étudiants, donc) : si la livre sterling ne rebondit pas et poursuit sa chute en bourse, il sera moins onéreux pour les froggies de consommer outre-Manche – c’est donc le moment d’aller chez Harrods.
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Pour les migrants
Pour les migrants bloqués à Calais, peu de chance que la situation évolue. Tout simplement parce qu’en votant Brexit, les Anglais expriment davantage leur souhait d’un contrôle aux frontières plus accru. Or les Britanniques font entrer ces gens désireux de vivre au Royaume-Uni au compte-gouttes, suivant leur demande en main-d’œuvre… et ça ne devrait pas changer.
Or certains politiques, comme Xavier Bertrand, réclament la renégociation des accords du Touquet signés en 2003, qui fixent la frontière britannique à Calais et non pas à Douvres. Mais malgré ce que demande le président (LR) de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, même si c’était le cas, les migrants refoulés à Douvres devraient faire le chemin inverse jusqu’à Calais… et la situation resterait donc la même. Sorry Xav’.
Pour les électeurs français
Enfin, le Brexit a d’autres conséquences pour les jeunes Français, qu’ils se rendent au pays de Kate Moss souvent ou bien jamais. La sortie de l’Union européenne du Royaume donne des ailes aux partis dits “souverainistes” et leur discours vantant la fermeture des frontières devrait s’en voir légitimé. En France, le Front national milite depuis toujours pour un retrait européen. Sans surprise, Marine Le Pen n’a pas patienté longtemps pour se féliciter du vote britannique, tweetant : “Victoire de la liberté ! Comme je le demande depuis des années, il faut maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE.”
D’après une étude menée par l’université d’Édimbourg et le cercle de réflexion allemand D/part, dont les résultats ont été publiés en mars 2016, 53 % des Français sont favorables à un référendum sur l’appartenance de la France à l’Union européenne. Le FN, tout comme d’autres mouvements populistes, ne va pas se priver pour le rappeler.
Comme disait Al Green, “Let’s stay together”.