“Nous avons besoin d’une parole forte, mais aussi d’actes concrets” en faveur des familles homoparentales. Interview.
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Le parquet de Rouen a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête préliminaire pour discrimination après les propos polémiques tenus par une responsable du service adoption du conseil départemental de Seine-Maritime visant les familles homoparentales.
La fonctionnaire, qui a été relevée mercredi de ses fonctions “à titre conservatoire”, avait estimé dans un entretien accordé à France Bleu Normandie que les couples homosexuels étaient “un peu atypiques” et qu’ils correspondaient moins aux critères requis pour l’adoption d’un bébé en bonne santé qu’un couple hétérosexuel.
Des propos discriminants qui ont mené à l’ouverture d’une enquête pour discrimination après que l’Association des familles homoparentales (ADFH) a déposé plainte. Dominique Boren, coprésident de l’Association des parents gays et lesbiens (APGL), revient pour Konbini news sur cette action en justice et sur ses attentes en la matière.
Konbini news | Quelle a été votre réaction après l’annonce de l’ouverture d’une enquête pour discrimination ?
Dominique Boren | Premièrement, il faut rappeler que les propos qui ont été tenus ne sont qu’une petite partie de ce que les familles homosexuelles entendent dans ces institutions. Face à cela, les pouvoirs publics ont pris la décision qui s’imposait, mais cela reste hallucinant d’en arriver à cette situation.
Une situation qui était malheureusement très prévisible. Lorsque l’on a voté la loi sur le Mariage pour tous, l’État n’a pas pris soin de préparer les esprits et de former les personnels des services d’adoption.
Qu’attendez-vous de cette action en justice ?
Que le gouvernement, et en particulier la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn [en charge des questions liées à la famille et à l’adoption, ndlr], prennent enfin leurs responsabilités. J’attends une campagne de sensibilisation pour la visibilité des familles homoparentales dans l’espace public.
J’attends aussi que notre association, l’Association des parents gays et lesbiens (APGL), soit représentée dans les Conseils de famille [les instances départementales qui examinent les dossiers des candidats à l’adoption, ndlr], ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui. Nous avons besoin d’une parole forte, mais aussi d’actes concrets.
Cinq ans après l’ouverture de l’adoption pour les couples de même sexe, avez-vous toujours le sentiment d’être mis à l’écart ?
Oui. Alors que les mesures pour améliorer la situation sont très simples. Si on implique les personnes et associations concernées par l’homoparentalité dans ces instances, on arrivera à prévenir ces situations discriminantes. Nous ne pouvons plus rester les parents pauvres des réformes obtenues il y a 5 ans… Avec des droits formels, mais pas réels.