Performances et charisme étaient au rendez-vous lors de cette semaine de marathon caritatif.
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Le staff de l’AGDQ 2019.
La dernière édition de l’Awesome Games Done Quick (AGDQ), marathon caritatif de gaming qui vient tout juste de s’achever, a récolté des gains records : plus de 2,3 millions de dollars (environ deux millions d’euros), dont une grande partie sera reversée à l’organisation américaine Prevent Cancer Foundation.
Pour rappel, l’AGDQ (et le SGDQ en milieu d’année) est un évènement performatif à la mécanique très bien huilée, où des dizaines de speedrunners (des gamers spécialisés dans le fait de finir un jeu le plus rapidement possible) viennent boucler leurs jeux favoris en un minimum de temps.
Chaque jeu possède de nombreuses catégories dédiées et l’ensemble offre un spectacle hypnotisant dans lequel des joueurs s’exécutent sans la moindre interruption dans le programme, et ce, durant une semaine. Ce même spectacle qui attire visiblement les foules puisque cela fait quelques années que l’AGDQ récolte au minimum deux millions de dollars par édition.
Que vous veniez de découvrir le concept ou que vous n’ayez pas pu y assister cette année, voici un best-of de cette édition très fournie. À noter que les vidéos à la demande sont sur Le French Restream, où tout l’évènement est commenté en français. Toutes les performances sont aussi disponibles en intégralité en anglais sur les comptes Twitch et YouTube de Games Done Quick.
Sonic the Hedgehog
Objectif : any % (c’est-à-dire finir le jeu par tous les moyens : on peut le casser et exploiter ses bugs).
Par : Dr. Fatbody, en 20 min 15.
C’était peut-être le meilleur moment du marathon. Pourquoi ? Parce que c’est toute l’essence de cet évènement : un runner super éloquent – un ponte du versus fighting, soit des jeux de combats d’arcades –, qui sait motiver son public devant et derrière l’écran. La ferveur populaire était palpable et galvanisante. Eh oui, le temps record pour Sonic 1, sorti en 1991, baisse encore. Gotta go fast !
Super Mario Odyssey
Objectif : atteindre 500 Lunes de puissance et finir le “Darker Side”.
Par : Bayleef, en 3 h 12.
Suivre la dissection d’un jeu récent est toujours un exercice passionnant. La preuve, ce run a récolté environ 300 000 dollars à lui tout seul, ce qui en fait le plus lucratif de la semaine. Et c’est bien normal, puisque grâce à lui, un vrai lien s’est créé avec les centaines de milliers de spectateurs sur Twitch et des mèmes ont été créés en direct. Sur la fin, le marathon a atteint son deuxième million de dollars. Un beau moment d’émotion.
Celeste
Objectif : finir tous les chapitres, dont les faces B et C.
Par : TGH, en 1 h 28.
Celeste est à la mode, et c’est justifié. On ne pouvait donc que se réjouir de le voir speedrunné, d’autant plus que ce jeu offre, à la toute fin, des manières de jouer restées cachées jusque-là, qui ouvrent une nouvelle dimension. Un speedrun de Celeste, c’est hypnotisant et TGH l’a exécuté avec une facilité déconcertante. Si vous en doutiez, sachez donc qu’il est bien possible de finir les faces C en une fois. Un spectacle édifiant.
Cuphead
Objectif : obtenir tous les rangs S.
Par : TheMexicanRunner, en 48 minutes.
Cuphead est un jeu très difficile, et le mot est faible. Le charismatique TMR l’a joué, lui, de la manière la plus compliquée : sans jamais se faire toucher dans un combat. Le challenge étant complètement zinzin, on a assisté à de véritables prouesses durant cette petite heure – d’autres runners de jeux tordus, comme Crypt of the Necrodancer, se sont bien plus plantés que lui. Allez mec, on refait la même, mais les yeux bandés.
Jak 3
Objectif : any %.
Par : ThaRixer, en 44 minutes.
C’est une constante bizarre des Games Done Quick : les runners de la série Jak flirtent toujours avec les interdits de cet événement qui impose aux runners, lorsque les projecteurs sont braqués sur eux, de bien se tenir, de ne pas jurer… En somme, de respecter une sorte de code de bonne conduite (et de bon sens).
En 2016, un certain Bonesaw s’est fait bannir, entre autres, pour avoir un peu trop forcé sur les imitations d’Owen Wilson. Et en 2019, c’est finalement ThaRixer qui a commis le crime de lèse-majesté ultime en lâchant un “fuck” devant la caméra. Vous l’aurez compris, ce run était aussi rigolard que décomplexé, ce qui a donné lieu à un moment décontracté mais un peu bizarre : les participants ont commencé à se demander s’ils seraient toujours les bienvenus dans les prochaines éditions.
Super Mario Sunshine
Objectif : Un lockout bingo
Par : PangaeaPanga et SniperKing, en 58 minutes.
Chaque GDQ a ses micro-évènements aux règles bien spécifiques. Ici, il s’agissait d’un lockout bingo, comprendre un bingo de cinq cases sur cinq contenant chacune un défi lancé aux joueurs. L’objectif n’est pas de compléter une ligne, mais d’avoir le plus de cases possible. Si vous relevez le défi qui lui est associé, la case est pour vous et ne peut être partagée.
Cela paraît compliqué, mais on comprend très vite. Surtout, cela donne une course originale, pleine de stratégies et de mindgames, les deux participants ne pouvant pas voir l’écran et la progression de l’autre. Globalement, l’essai n’est pas très concluant en termes de suspense, mais l’idée est excellente et le jeu bien trouvé pour une telle discipline, qu’on espère florissante sur les GDQ.
Sanic Ball
Objectif : finir toutes les courses, de deux tours à chaque fois.
Par : Gyoo, en 14 minutes.
Cocorico ! Gyoo est français et cet inconditionnel de l’évènement a sacrifié une semaine de congé pour venir jouer à un fangame idiot de Sonic. En soi, Sanic Ball est simple : c’est un jeu de course minimaliste et référencé qui permet quelques skips (sauter des portions de jeux, comme des morceaux de circuits). Moult rigolades, moult surprises et un run court, qui a bien montré l’aspect “mème” de la chose.
Bloodborne
Objectif : any %.
Par : HeyZeusHeresToast, en 48 minutes.
Disons-le, ce garçon dégage lui aussi un charisme fou. Ce run étant l’une des courses “commandées” par le public via les donations, il y a toujours une pression supplémentaire. Si vous foirez, vous foirez quelque chose pour laquelle les gens ont payé. Et c’est toujours risqué avec la série performative et impressionnante, mais prompte aux plantages, des Souls.
Bloodborne est toujours une exclusivité PS4, donc pas d’excuses pour “performer”. Ce qu’a fait ce monsieur au pseudo-tordu de manière un peu clivante, et donc jouissive, diction parfaite de commentateur sportif et humour pince-sans-rire associé à l’appui.
Le bloc des jeux horribles
Tout est dans le titre : ils se nomment Mega Man (DOS), Avoid the Noid, Hydlide, Urban Yeti ! et Gordo 106. Grande tradition de cette semaine, ce célèbre bloc regroupe des jeux gag, promotionnels, faits à la va-vite ou juste volontairement débiles, qui ont atteint des sommets de gloire en s’inscrivant dans la mythologie de l’AGDQ.
Amateurs d’aléatoire, de laideur et d’humour prescriptif, régalez-vous et n’hésitez pas à regarder ceux des éditions précédentes, dont l’hilarant Titenic (sic) de 2018.
Final Fantasy IX
Objectif : finir le jeu en 9 h 30.
Par : Tojju, Muttski et Luzbelheim, qui ont réalisé un tour de force.
Vous avez bien lu : il a fallu toute une (grosse) nuit pour finir l’un des role playing game (RPG) japonais les plus iconiques de son temps. Une prise de risque, parce qu’au-delà de cette fenêtre temporelle qui accapare un vingtième de la durée du marathon, un tel format peut être répétitif, entre les combats et les dialogues squeezés à toute vitesse.
Il y avait quand même une plus-value : les trois runners qui se sont succédé ont eu à cœur d’expliquer le jeu au fur et à mesure (à écouter en bruit de fond à la place d’un feu de cheminée sur Netflix, par exemple). S’il vous en faut plus, sachez qu’à 1 h 26, un des runners se bande les yeux et fait de longs changements dans les menus par cœur. C’est plus impressionnant que ça en a l’air.
Bonus : deux records du monde
On pourrait citer des dizaines d’autres prestations, mais attardons-nous plutôt sur le fait que deux records du monde ont été battus lors de cette édition : tout d’abord celui du mode coop de N+, un ballet hypnotisant et minimaliste, mais aussi celui de Mega Man Zero 2, qui a été terminé en une heure.